« Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,
pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là
que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. »
Luc 12, 36-37a
Il y a lieu d’étudier de près le mot « veiller » ; il faut l’étudier parce que sa signification n’est pas aussi apparente qu’on pourrait le croire à première vue, et parce que l’Écriture l’emploie avec insistance. (…)
Qu’est-ce donc que veiller ?
Je crois qu’on peut l’expliquer ainsi.
Savez-vous ce que c’est que d’attendre un ami, d’attendre qu’il vienne, et de le voir tarder ?
Savez-vous ce que c’est que d’être dans une compagnie qui vous déplaît, et de désirer que le temps passe et que l’heure sonne où vous pourrez reprendre votre liberté ?
Savez-vous ce que c’est que d’être dans l’anxiété au sujet d’une chose qui peut arriver ou ne pas arriver ; ou d’être dans l’attente de quelque événement important qui fait battre vos cœurs quand on vous le rappelle et auquel vous pensez dès que vous ouvrez les yeux ?
Savez-vous ce que c’est que d’avoir un ami au loin, d’attendre de ses nouvelles et de vous demander jour après jour ce qu’il fait en ce moment et s’il est bien portant ?
Savez-vous ce que c’est de vivre pour quelqu’un qui est près de vous à tel point que vos yeux suivent les siens, que vous lisez dans son âme, que vous voyez tous les changements de sa physionomie, que vous prévoyez ses désirs, que vous souriez de son sourire et vous attristez de sa tristesse, que vous êtes abattu lorsqu’il est ennuyé, et que vous vous réjouissez de ses succès ?
Veiller dans l’attente du Christ est un sentiment qui ressemble à ceux-là, autant que des sentiments de ce monde sont capables de figurer ceux d’un autre monde.
John-Henry Newman, in La vie chrétienne – Ed Bloud 1904
Sculpture romane