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Contexte du nouveau cycle de violence en Israël-Palestine

L’agression israélienne contre la population palestinienne de Gaza est d’une violence inouïe. La Croix Rouge internationale (CICR) évoque « une intensité jamais vue ». En Israël, dimanche soir dix personnes avaient été tuées par des tirs de roquettes. Mais il faut aussi évoquer, entre autres, une résurgence de la violence en Israël entre des extrémistes juifs et des Palestiniens citoyens d'Israël ainsi que l’évacuation par la force de Palestiniens de leur maison à Sheikh Jarrah.
Nous proposons plusieurs documents qui situent ces faits dans leur passé récent ou plus lointain, souhaitant qu'ils permettent à chacun de se forger sa propre opinion (cliquer sur les titres) :


- Débat entre deux citoyens israéliens - Shlomo Sand et Liora Lévy - et une journaliste, Aline Jacottet (daté du 23 mars), sur la position du gouvernement de Netanyahou, en particulier sur la loi de 2018 proclamant Israël Etat Nation du peuple juif.

- Entretien avec Charles Enderlin (daté du 30 avril) animé par Dominique Vidal sur "Jérusalem : pourquoi l'embarras des medias".

- "Déclaration du Patriarcat Latin de Jérusalem à propos des récents actes de violence à Jerusalem" (datée du 9 mai).

(0) Commentaires et débats

Israël, l'illusion démocratique ?
Débat du 23 mars 2021 sur le site de la Radio Télévision Suisse


Aller à 33:20 (durée du débat 19 minutes)

Extraits du débat entre :

- Shlomo Sand, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Tel-Aviv et auteur, entre autres, de Comment la terre d'Israël fut inventée, de la Terre Sainte à la mère patrie, Flammarion 2012
- Liora Lévy, franco-israélienne, ingénieure en informatique, conseillère municipale du Likoud (le parti de Benyamin Netanyahou) à Netanya
- Aline Jaccottet, correspondante en Israël pour la Radio Télévision Suisse.


Après être revenu sur les dernières élections à la Knesset pour renouveler le parlement, le débat s’engage sur la loi de 2018 qui déclare Israël Etat Nation du peuple juif.

Question : Israël est-il encore un Etat démocratique après la promulgation de cette loi ?

Shlomo Sand : Qu’est-ce que la démocratie ? Ce n’est pas seulement le fait d’élire des représentants mais aussi un mécanisme libéral. Il y a, dans une large audience en Israël, le sentiment que Netanyahou est une menace vis-à-vis de ce côté libéral, juridique, pluraliste de notre société. Je voudrais ajouter qu’une démocratie est un régime où il y a des élections pluralistes, mais Israël n’est pas comme la Suisse ou la France parce que la définition de base de notre Etat est qu’il n’appartient pas à ses citoyens entièrement mais aux Juifs du monde. Cet Etat appartient à un Juif suisse beaucoup plus qu’à mes amis de l’université qui sont arabes. La faiblesse de cette démocratie est d’être basée sur une sorte d’ethno-religion. Le système électoral n’est pas le seul élément pour définir une démocratie. Il y a aussi les principes constitutionnels qui la fondent. A sa création en 48, Israël se définissait comme un Etat juif et démocratique. 70 ans plus tard, en 2018, il s’est doté de cette nouvelle loi qui a provoqué l’émoi en Israël : Israël Etat Nation du peuple juif.

Liora Lévy que répondez-vous à ceux qui osent qualifier l’Etat d’Israël d’apartheid ?

Liora Lévy : J’ai grandi en région parisienne. Il y a 19 ans, j’ai décidé d’émigrer de France en Israël par sionisme et parce que je me voyais vivre dans le seul pays juif, sachant qu’il y a 80 ans mon grand-père – qui était né en Allemagne et avait grandi en France – a subi ce que l’on connaît. Pourquoi les Juifs ont-ils subi cela ? Parce qu’il n’y avait pas d’Etat. L’Etat d’Israël a été créé comme le foyer national du peuple juif et des Juifs du monde entier. Effectivement des Juifs suisses ou français ont autant de droits sur notre terre et notre pays que des citoyens résidant ici. Mais, ajoute-t-elle, à l’intérieur du pays, tous ont le même droit que l’on soit Juifs ou arabes. A la Knesset, des arabes israéliens ont obtenu il y a quelques années 15 sièges, ce qui représente à peu près le pourcentage de leur population.

Pourquoi alors avez-vous changé ce qui était défini comme un Etat juif et démocratique en un Etat Nation du peuple juif ?

Liora Lévy : Cela n’a pas été changé. Une loi a été ajoutée. Israël est l’un des rares pays qui n’a pas de constitution mais des lois considérées comme fondement constitutionnel de l’Etat. Cette loi a été seulement ajoutée mais nous en avons beaucoup d’autres sur le respect de l’homme et la liberté, des lois qui garantissent l’égalité de tous les citoyens du pays. N’importe quelle personne vivant en Israël sait que tous les habitants ont les mêmes droits.

Aline Jaccottet : Il est inexact de dire que l’égalité fait partie des droits fondamentaux. La liberté, la dignité humaine en font partie mais pas l’égalité. L’intention, à la base, des fondateurs de l’Etat d’Israël était de transmettre ce principe d’égalité (…) mais cela n’a jamais été traduit dans des lois fondamentales israéliennes. C’est un gros problème qui ne se pose pas seulement au niveau de l’équilibre et des droits pleins et reconnus des arabes israéliens. C’est aussi une question qui va se poser quand il s’agira de définir quelles seront les limites et les frontières définitives de l’Etat d’Israël. Il y a tout un débat en Israël sur les territoires palestiniens en Judée-Samarie. Font-ils partie d’Israël ? Si non, quels seront les droits des personnes habitant ces territoires ? Ces questions sont vraiment cruciales pour l’avenir de ce pays.


Shlomo Sand, vous êtes l’auteur du très controversé ouvrage, paru en 2008, Comment le peuple juif fut inventé, dans lequel vous soutenez que la notion de peuple juif est une construction du mouvement sioniste. Diriez-vous que définir Israël comme Etat Nation du peuple juif est, à vos yeux, une imposture ?

Shlomo Sand : Tout à fait. Le sionisme a inventé, en réalité, deux peuples : le peuple juif israélien et le peuple palestinien. On a colonisé cette région et inventé l’Etat d’Israël. Je comprends qu’en 1948 le Proche-Orient ait accueilli des réfugiés que l’Europe avait « vomi ». 70 ans après, nous continuons à définir cet Etat comme juif et non pas israélien. Cela veut dire que mon Etat appartient à un Juif suisse plus qu’à mes collègues palestiniens de l’université. (…) Un arabe israélien qui est né ici, qui parle hébreu aussi bien que moi, ne peut pas chanter l’hymne national parce qu’il inclut seulement les Juifs. Une démocratie est un Etat qui appartient à tous ses citoyens. Vous avez utilisé un terme très juste « l’apartheid ». Je ne crois pas qu’il existe à l’intérieur de l’Etat d’Israël mais depuis 54 ans – non pas 54 jours ou 54 semaines mais 54 ans – nous occupons les « territoires occupés ». Nous occupons une population entière qui n’a aucun droit civique, politique, syndical. C’est un pur apartheid. Après 54 ans, vivre avec des gens qui n’ont aucun droit civique est impossible pour moi qui me situe comme venant d’une tradition juive.

Shlomo Sand nous dit que l’Etat d’Israël n’appartient pas à tous ses citoyens, qu’en pensez-vous ?

Liora Lévy : L’Etat d’Israël est avant tout le foyer du peuple juif. Monsieur Sand sait que, dans quatre jours nous allons fêter Pessah (Pâque). Les Juifs du monde entier vont commémorer la sortie d’Egypte. C’est l’événement historique qui a créé et fondé le peuple juif. Ce n’était pas il y a 70 ou 80 ans. Ce n’était pas par Théodor Herzl. Il n’a absolument rien inventé. Il a créé cette envie et cette volonté de retourner à Sion qui fait partie des prières que font les Juifs trois fois par jour depuis des milliers d’années. Le peuple juif, la terre d’Israël et Sion sont liés depuis des milliers d’années par la promesse que Dieu a faite à Abraham, Isaac et Jacob et ensuite à la sortie d’Egypte. Je suis certaine que Shlomo Sand va fêter la soirée du Seder, donc la soirée de Pessah, et va chanter les mêmes chants et les mêmes prières que moi car nous faisons partie du même peuple.

Ce n’est pas sûr parce que Monsieur Sand a publié un autre ouvrage en 2013 Comment j’ai cessé d’être Juif. Vous vous considérez comme non-Juif dorénavant ?

Shlomo Sand : (…) Oui. Je suis non-Juif parce qu’être Juif dans l’Etat d’Israël c’est être un citoyen privilégié. Moi en tant que Juif, dans l’histoire malheureuse de l’antisémitisme, de la judéophobie, j’ai décidé de ne pas être un citoyen privilégié.

Jérusalem : pourquoi l’embarras des médias ?
Entretien avec Charles Enderlin mené par Dominique Vidal (journaliste et historien)
Le 30 avril 2021

Cet entretien a eu lieu le 30 avril 2021, dans le cadre de l’institut de Recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO), à l’occasion de la parution du dernier livre de Charles Enderlin De notre correspondant à Jérusalem. Le journalisme comme identité (Le Seuil,2021). Charles Enderlin y « retrace un demi-siècle d’espoirs et de violences au Moyen-Orient. Arrivé en Israël en décembre 1968, il sera très vite familier de la vie politique israélienne, interlocuteur de choix des civils comme des militaires, de la gauche comme de la droite, des religieux comme des laïcs, et des Palestiniens, de l’OLP comme des islamistes. Il assiste dès la guerre d’octobre 1973 aux grands événements de la vie du pays et du Proche-Orient. Devenu correspondant pour France 2, il va, des années durant, expliquer en pédagogue aux téléspectateurs français les arcanes d’un conflit d’une rare complexité, et leur dévoiler le dessous des cartes. (1) »

Nous ne transcrivons ici que le début de l’entretien.

Présentation du livre par Dominique Vidal

C’est à cette longue carrière que tu consacres ton dernier livre. Il est indispensable, pour les néophytes qui découvrent avec toi une histoire vivante du dernier demi-siècle au Proche-Orient mais aussi pour des connaisseurs qui retrouveront des événements dont ils sont familiers mais que tu présentes depuis les coulisses de l’actualité. (…) Il se lit comme un polard. Ton livre est aussi un livre de réflexion sur la nature du conflit israélo-palestinien, sur les occasions ratées par les uns et par les autres et enfin sur notre profession avec ses grandeurs et ses décadences.

Tu as, par exemple, regretté la méconnaissance de l’ADN de Benyamin Netanyahou. (…) Tu as aussi critiqué la sous-estimation de l’alliance de Netanyahou avec le parti sioniste religieux, appellation banale qui camoufle deux mouvements ultra-nationalistes partisans de l’expulsion à terme des arabes israéliens. (…) Enfin tu as été choqué, comme moi, par la couverture réduite voire inexistante, en France, des ratonnades de la semaine dernière à Jérusalem. Un événement grave et inédit par son ampleur. Elles n’étaient pas l’œuvre de jeunes fascistes isolés mais de mouvements des partis se réclamant alliés de Benyamin Netanyahou… et sur lesquels ils comptent pour sauver, s’il est encore sauvable, son trône.

Charles Enderlin : Israël, une marque qui cache un problème de gouvernance

(Je voudrais commencer en parlant de gouvernance.) Si j’en parle c’est que vous avez aujourd’hui l’image de la marque « Israël » que je vois sur les télévisions étrangères : « C’est quand même un pays qui a une hightech formidable, la technologie et puis, aujourd’hui, ils ont réussi la vaccination ; c’est extraordinaire, c’est le pays au monde qui marche. » Eh bien, le pays ne marche pas du tout. Quatre élections en à peine deux ans. Pas de budget de l’Etat depuis 2018. Imaginez la France sans budget, un ministre des Finances qui sort des chèques uniquement parce que le Premier ministre et le ministre en charge du portefeuille l’ont décidé. C’est exactement ça Israël. Entre la marque Israël telle qu’elle est projetée à l’étranger et la réalité sur le terrain, il y a une différence énorme. Si la société Pfizer n’avait pas décidé de faire d’Israël l’Etat témoin de la vaccination (…), à l’échelle d’une population de 8-9 millions d’habitants, avec un bon système de dispensaires que, entre parenthèses, Benyamin Netanyahou n’a pas réussi à détruire. Ce sont les dispensaires des Caisses de Maladie créés à l’époque par les travaillistes (et les travaillistes et Netanyahou, c’est l’eau et le feu). Avant cela, jusqu’à l’arrivée du vaccin, la gestion de la pandémie a été une catastrophe absolue. Benyamin Netanyahou a laissé ouvert l’aéroport international pour les ultra-orthodoxes arrivant de New-York où la pandémie faisait rage. (…) Il préside de fait un gouvernement qui expédie plus ou moins les affaires courantes en faisant des bras de fer avec son adversaire. C’est un pays qui est en crise, où on ne sait pas où l’on va, vis-à-vis de l’affaire iranienne, du point de vue économique, vis-à-vis des Palestiniens. Tout le monde a crié : « Attention, il va annexer formellement, juridiquement, des morceaux de Cisjordanie ! » J’étais persuadé qu’il ne le ferait pas parce que Netanyahou n’avait pas besoin d’annexer quoi que ce soit en Cisjordanie puisque sur le terrain, c’est fait : sur 60% de la Cisjordanie, les Palestiniens n’ont pas le droit de construire une barraque, un baraquement.

La couverture médiatique internationale

Dominique Vidal : Comment expliques-tu que la couverture journalistique faite par nos confrères – qui sont pour certains excellents – soit aussi mauvaise ? L’image d’Israël qu’ils donnent à la TV, à la radio n’est pas du tout ce que tu nous racontes.

Charles Enderlin : C’est le succès de la marque « Israël ». J’ai un collègue qui a fait un reportage sur « Comment Israël résiste à la pandémie ». Il est allé filmer une propriétaire d’un petit restaurant qui dit : « C’est la catastrophe. Ce n’est pas comme en France, je n’ai pas d’aides de l’Etat. » On a demandé à ce journaliste de parler du succès et d’enlever la réaction de cette dame. C’est à la fois de l’autocensure, une vision d’Israël qui est rentrée dans les cerveaux des rédacteurs en chef en tout genre. Et puis, si vous passez du négatif sur Israël… Je n’ai pas l’impression que vous ayez beaucoup vu, sur les chaînes françaises, des images des ratonnades organisées par l’Ava : un mouvement comprenant quelques centaines, voire quelques milliers, de militants racistes anti arabes que l’on voit passer à l’acte régulièrement. Vous ne les avez pas vu parce que cela ne correspond pas à l’image qu’ont les rédacteurs en chef et qu’ils veulent donner parce que c’est elle qui est admise par le public.

Maintenant il y a la pression de ce que, dans mon livre, j’appelle « la police juive de la pensée ». (…) Regardez en 2018, le fameux reportage d’Envoyé Spécial « Les estropiés de Gaza ». Le journaliste est allé dans Gaza et a filmé les gosses gravement blessés, ayant perdus une jambe ou un bras par les tirs de snipers israéliens lors des manifestations de la fameuse Marche du retour, sur la frontière de Gaza. Avant même qu’elle puisse le voir, l’ambassadrice d’Israël à Paris est montée au créneau. Elle a dit : « Si vous diffusez ce reportage, c’est de l’antisémitisme. » Elle est allée à la présidence de France Télévision, le CRIF est intervenu, le Consistoire israélite aussi. Finalement le reportage est passé (…) mais combien de reportages avez-vous vu sur la situation à Gaza aujourd’hui ? On sait que si l’on couvre certaines choses comme l’occupation, les atteintes à la démocratie en Israël, la loi Israël Etat Nation du peuple juif, cela ne passera pas. Il y a eu deux ou trois papiers sur ce dernier sujet, dans la presse française, alors que c’est un élément fondamental pour moi au niveau de la région. Ces pressions sont là. Le CRIF et les autres n’ont pas besoin d’intervenir, les journalistes et les rédactions savent que s’ils couvrent cela, ils recevront des mails, des engueulades, des menaces.

Charles Enderlin intervient ensuite, avec la même liberté de parole, entre autres sur la politique actuelle du gouvernement israélien, sur l’OLP et sur le gouvernement palestinien actuel, sur l’impossibilité dans l’avenir de créer deux Etats, sur les risques pour Israël d’un Etat Juif où les Palestiniens ne sont pas des citoyens à part entière. Pour voir cet entretien en entier, cliquer sur ce lien (durée de la vidéo 1h23)
 : "https://iremmo.org/rencontres/jerusalem-pourquoi-les-grands-medias-se-taisent/?fbclid=IwAR35Qz3lnNO1_F8jaNAxEH_szL35vA07Mm2sYcPzK4DpoxqwPxk76wxcJ9M"

1- Extrait de la présentation sur le site de l’iRe MMO / Retour au texte

Déclaration du Patriarcat Latin de Jérusalem
à propos des récents actes de violence à Jérusalem
Le 9 mai 2021

Avec tous les chefs des Eglises, nous sommes « profondément atteints et inquiets des récents évènements violents survenus à Jérusalem Est, à la Mosquée d’Al Aqsa ou à Sheikh Jarrah, qui portent atteinte à l’intégrité du peuple de Jérusalem ainsi qu’à la ville même de Jérusalem en sa qualité de Cité de la Paix, » et réclament une intervention urgente.

La violence à l’égard des croyants compromet leur sécurité, leur droit à l’accès au Lieux Saint et leur liberté de culte.

L’évacuation par la force de Palestiniens de leur maison à Sheikh Jarrah est également une inacceptable violation du plus fondamental des droits humains, celui d’avoir un toit. C’est une question de justice pour les habitants de la ville d’avoir le droit de vivre, prier et de travailler, chacun/chacune selon sa propre dignité, dignité accordée à l’humanité par Dieu lui-même.

Concernant la situation à Sheikh Jarrah, nous reprenons les mots même du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de L’Homme, disant que le droit est « appliqué de manière fondamentalement discriminatoire ». Cela devient une poudrière, exacerbant les tensions dans tout Jérusalem. Le problème aujourd’hui ne se résume pas à un conflit immobilier d’ordre privé. C’est d’avantage une action menée par une idéologie extrémiste qui dénie à une personne le droit de vivre dans sa propre maison.

Une de nos préoccupations principales est également le droit d’accéder aux Lieux Saints. Les Croyants Palestiniens se sont vu refuser l’accès à la Mosquée Al Aqsa durant le mois de Ramadan. Ces démonstrations de force blessent l’Esprit et l’Âme de la Ville, dont la vocation est d’être ouverte et accueillante, un abri pour tous les croyants, égaux en droits et en devoirs.

Cette prise de position historique des Eglises de Jérusalem vise clairement à dénoncer toute tentative d’appropriation de la ville de Jérusalem.

Elle est la ville sacrée des trois grandes religions monothéistes et, selon le Droit International et les résolutions de l’ONU qui la concernent, également une cité où le peuple palestinien, Chrétiens et Musulmans, ont le même droit de construire un avenir fondé sur la liberté, l’égalité et la paix. Nous appelons également à un respect absolu du Statu Quo historique concernant les Lieux Saints, y compris le complexe de la Mosquée d’Al Aqsa.

L’autorité qui contrôle la ville doit protéger le caractère spécifique de la ville de Jérusalem, appelée à être le cœur des religions abrahamiques, un lieu de prières et de rencontres, ouvert à tous et où tous les croyants et citoyens, quelle que soit leur appartenance ou leur religion, se sentiront chez eux et verront leurs droits protégés et garantis.

Notre Église a affirmé clairement que la Paix réclame la justice. Ainsi, tant que les droits de chacun, Israéliens et Palestiniens, ne seront pas respectés et garantis, il n’y aura pas de justice et donc pas de paix dans cette cité. Il est de notre devoir de ne pas ignorer l’injustice ou toute atteinte à la dignité humaine, quels que soient leurs auteurs.

Nous appelons la Communauté Internationale, les Eglises et toutes les personnes de bonne volonté à intervenir afin de mettre fin à ces provocations et à continuer à prier pour la Paix à Jérusalem. Nous nous joignons à cette prière avec les mots du Pape François : « puisse l’identité pluri-religieuse et pluri-culturelle de la Ville Sainte être respectée et puisse la fraternité triompher ».

Le 9 mai 2021