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Les violences sexuelles contre les religieuses
Rapport de l’INSERM à la demande de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église

Jean-Marc Sauvé, lors de sa présentation sur les abus sexuels dans l’Église, n’a pu faire qu’une brève allusion à la violence sexuelle contre les religieuses. Conscients du courage qu’il a fallu à ses religieuses pour rendre public leur témoignage, nous proposons quelques extraits du rapport de l’INSERM les concernant. Nous rappelons que ce rapport a été commandé par la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église. Nous en recommandons la lecture intégrale (pages 282 à 374. Suivre le lien ci-dessous).

- Rapport de l'INSERM commandé par la CIASE
"Sociologie des violences sexuelles au sein de l'Église catholique en France (1950-2020)" (455 pages)

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PRESENTATION DE L’ENQUETE

Le cas des religieuses abusées sexuellement par des prêtres a été peu documenté par la recherche scientifique et, en France, aucune étude n’a encore été menée sur ce sujet alors qu’on dénombre en 2020 plus de 23 000 religieuses et moniale. (…). Au total, 16 hommes (prêtres, diacres ou religieux) et une femme (religieuse) ont abusé sexuellement 12 religieuses et 2 séminaristes. Les violences et abus sexuels ont été commis principalement dans des communautés nouvelles (pour 9 religieuses) mais les ordres traditionnels ne sont pas épargnés (3 religieuses), pas plus que le clergé diocésain (2 séminaristes). Hormis sœur Dominique, dont la vocation s’est faite sentir plus tardivement et qui a été abusée alors qu’elle avait près de 35 ans, les religieuses et séminaristes ont été abusées jeunes, autour de 20-25 ans, généralement par des hommes beaucoup plus âgés, de vingt à cinquante ans selon les cas. Les abus les plus anciens ont commencé au début des années 1970, les plus récents ont débuté au milieu des années 2000. Les modalités de ces abus apparaissent être les mêmes tout au long de cette période de plus de trente ans dans les entretiens que nous avons réalisés.

CARACTERISTIQUES DES VIOLENCES SEXUELLES

(…) Des gestes ou propos, qui peuvent relever de la simple tentative de séduction, constituent une violence symbolique forte vis-à-vis de personnes déjà engagées dans la chasteté et le célibat, ou s’y préparant, ce que les abuseurs ne peuvent pas ignorer. Les inconduites et les violences sexuelles se répartissent sur un spectre allant des caresses (sur la main, les cheveux, le bas du dos) ou des étreintes sans caractère explicitement sexuel, aux gestes de nature sexuelle tels que caresses des seins, de la zone génitale, baisers (sur le visage, sur la bouche, avec langue), cunnilingus, fellations, pénétrations vaginales, pénétrations anales. Huit des douze religieuses ont subi des viols ou des tentatives de viol, ainsi que les deux séminaristes. (…) Une seule religieuse a vécu un acte de violence sexuelle ponctuel par un prêtre de passage. Pour les autres, il s’est agi de gestes répétés, parfois sur quelques mois ou sur plusieurs années, jusqu’à plus de vingt ans, par une même personne ou par deux personnes successivement. A chaque fois, les actes ont été commis dans le cadre d’une relation spirituelle : l’abuseur pouvait être le père spirituel, le prêtre confesseur, le responsable ou fondateur de la communauté, ou encore un frère avec un ascendant hiérarchique. Les abuseurs étaient majoritairement des prêtres, mais dans un cas des violences sexuelles ont été également commises par une religieuse contre une novice.

LE FONCTIONNEMENT DES COMMUNAUTES RELIGIEUSES :
UN CADRE PROPICE AUX ABUS

La majorité des femmes abusées sexuellement appartenaient à des communautés nouvelles (9/12) ; apparues dans les années 1960-1970, ces nouveaux mouvements religieux inspirés par le courant du Renouveau charismatique promettent un rapport plus étroit au divin, répondent aussi à des besoins sociaux d’amitié, d’acceptation sociale et d’amour. Elles fonctionnent comme des familles choisies. (…) Si les communautés nouvelles peuvent paraître plus propices aux dysfonctionnements, les communautés traditionnelles ne sont cependant pas épargnées. Les abus et leur dissimulation sont favorisés par les règles de fonctionnement de ces structures. Les multiples responsabilités et rôles occupés par les clercs les placent continuellement en position d’autorité ou de pouvoir vis-à-vis des religieuses.

(…) Les religieuses sont au service des prêtres et cette position subalterne, décuplée par le voeu d’obéissance qu’elles prononcent, les expose à toutes sortes d’abus. Des stéréotypes de genre perdurent, comme le mythe de la femme tentatrice qui nourrit le soupçon de séduction chez les religieuses abusées : comme nous l’ont rapporté plusieurs de nos interlocutrices, elles ont craint d’être accusées d’avoir initié la relation sentimentale ou sexuelle en ayant séduit un prêtre, vu par essence comme pur et innocent.

Le prêtre est l’alter Christus, soit le représentant de Dieu, ce qui lui confère un caractère sacré. Face à une figure aussi imposante, souvent décrite comme « sainte », les personnes abusées perdent tout repère, elles doutent de leur capacité à évaluer correctement des gestes ou des propos apparemment déplacés. En effet, les normes sociales et éthiques qui règlent habituellement les conduites s’effacent quand il s’agit d’apprécier celles des prêtres : celles-ci sont vues comme inspirées par Dieu, ou par un savoir qui par son caractère divin, ne saurait être questionné. (…) Auprès des religieuses et séminaristes également, les clercs abuseurs se caractérisent par la multiplicité des fonctions et rôles qu’ils exercent : tuteur, confesseur, directeur spirituel, fondateur et responsable de communauté, mais aussi ami de la famille, parent de substitution, psychologue, voire médecin prescripteur. (…) Ce constat met en cause le cléricalisme – terme aux définitions multiples, mais toujours en rapport avec les modes de gouvernance. Nous l’entendons ici comme la culture régnant dans l’Église catholique qui donne un pouvoir démesuré aux prêtres, à la fois dans l’institution ecclésiale, mais également dans la société.

(…) L’absence de père (décédé, en dépression, ayant quitté le foyer) est un élément étonnamment récurrent dans les entretiens avec les religieuses abusées sexuellement, un résultat à rapprocher peut-être du constat de l’étude de van Wormer et Berns qui ont mené des entretiens approfondis avec neuf femmes sur leur expérience d’abus sexuel par un clerc à l’âge adulte. Elles rapportent en effet que :
Une constatation inattendue était que toutes les femmes avaient perdu leur propre père très tôt dans leur vie ou étaient émotionnellement éloignées de leur père. Des recherches plus approfondies avec un échantillon plus large sont nécessaires pour explorer la signification de cette découverte. Nous ne pouvons que supposer qu'une relation avec une figure paternelle sous la forme d'un prêtre aurait pu aider à combler un vide dans leur vie.

Le cadre familial où sont valorisées les vocations religieuses, constitue également un espace de socialisation à l’obéissance, à la domination masculine et la soumission comme valeur chrétienne, espace qui peut favoriser la nature de la relation qui se nouera ensuite avec l’abuseur. Dans ces familles, généralement, on fait confiance aux prêtres, on n’a jamais entendu parler de prêtres qui abusent sexuellement d’enfants ou de jeunes gens, ce qui rend ces conduites difficilement reconnaissables quand elles se produisent.

Au-delà de ces difficultés familiales, les premières années de vie en communauté s’accompagnent souvent de doutes et de périodes de grand désarroi pour les religieuses interrogées ; avec le recul plusieurs d’entre elles disent qu’elles étaient en dépression au moment de la rencontre avec l’abuseur, avec parfois des pensées suicidaires. La relation d’abus se noue donc souvent dans ce contexte : les religieuses sont probablement repérées par l’abuseur parce qu’elles sont en situation de fragilité. Plusieurs d’entre elles ont décrit ces responsables religieux comme leur « bouée de sauvetage » ou leur unique soutien. (…) Dans le contexte d’une relation pastorale avec une personne qui se présente comme vulnérable et recherche un soutien, un accompagnement, c’est au prêtre ou au religieux qu’il incombe de fixer les limites de la relation. La situation de vulnérabilité d’une personne ne devient un facteur de risque d’abus que lorsqu’elle est repérée et utilisée par une autre personne comme levier de pouvoir dans la relation. C’est un élément très important pour comprendre la spécificité des violences sexuelles commises par des membres du clergé contre des adultes : à l’exception de sœur Christine et de Delphine, toutes les religieuses et les séminaristes ont été abusées par des prêtres et des frères dont elles et ils avaient recherché l’aide (ou l’amitié) pour un soutien psycho-spirituel, parfois tacite, parfois explicite, alors qu’ils et elles traversaient des situations difficiles. Les clercs et religieux ont construit la relation d’abus sur cette demande de guidance pastorale en l’orientant délibérément vers une relation sexualisée.

LES OBSTACLES À LA PRISE DE PAROLE

Malgré le discours qui place la responsabilité de la prise de parole sur les seules personnes abusées, l’analyse sociologique rappelle que pouvoir parler engage des ressources multiples dont la vie en communauté religieuse et les membres du clergé abuseurs privent particulièrement les personnes abusées.

Dénoncer des violences sexuelles nécessite pour la personne abusée d’une part d’être en mesure d’identifier que ce qu’elle a subi sont des violences sexuelles et d’autre part d’avoir face à elle un interlocuteur pour recevoir sa parole. Ces deux aspects sont fortement influencés par les spécificités de la vie en communauté ou de l’engagement religieux des personnes que nous avons interrogées. (…) Les personnes que nous avons entendues ont aussi évoqué leurs doutes et leurs incertitudes sur l’évolution de leur relation avec leur abuseur. Leur confiance en leur abuseur était plus grande que leur confiance en leur propre jugement. En outre, l’absence de réaction de leur entourage semblait confirmer l’apparente normalité de ce qui était visible : les attentions, les responsabilités nouvelles, le temps passé ensemble.

(…) Toutes les personnes entendues ont également souligné que la règle imposée par leur abuseur était de ne parler de leurs problèmes ou de leur mal-être qu’avec lui. (…) Les abuseurs vont ainsi normaliser, voire valoriser l’état de souffrance comme le chemin qu’il est attendu que leurs victimes empruntent vers la sanctification ; ils peuvent aussi attribuer les cauchemars, la dépression à un manque d’engagement dans leur vocation, à une fragilité de leur foi et les pousser à se remettre continuellement en question. Ces manipulations favorisent la confusion psychologique évoquée plus haut.

Enfin, la normalisation de la souffrance, comme une expérience à la fois intrinsèque à l’engagement définitif et sa valorisation comme une expérience censée rapprocher du Christ est un puissant facteur de diversion. (…)

La difficulté à identifier les violences ou à les dénoncer est également liée à la relation de domination avec l’abuseur. La domination réside généralement dans la relation hiérarchique (religieuses face à la prieure, face au père fondateur, face à un prêtre extérieur à la communauté ou séminaristes face à un prêtre), mais aussi par le statut sacré de la figure du prêtre. (…) À travers cette domination, l’abuseur cultive chez ses victimes une obligation de confiance qui le protège de toute dénonciation :
Ça se manifestait par une demande d'obéissance totale. De confiance totale, il est même allé jusqu'à me dire, mais à d'autres aussi, que s'il nous disait de se jeter par la fenêtre on devait le faire. Évidemment, il ne le ferait jamais, mais que la confiance totale allait jusque-là. Cette confiance totale, cette obéissance totale aussi. (…) Et ça se joue – c'est la spécificité des religieuses – sur ce désir de Dieu. Tout ce processus d'exigence, d'obéissance, de confiance, c'est parce que t'as un désir de Dieu qui est fort.

(…) Le rapport de force entre l’abuseur et la personne abusée s’avère le plus souvent très inégal et accentue les difficultés pour révéler les faits d’abus. Fabio a été abusé par un prêtre très en vue, avec des responsabilités dans la hiérarchie catholique. Lorsqu’il s’engage dans la dénonciation des faits, face à l’inertie de l’Église, il comprend qu’il est protégé et qu’il n’a pas les moyens de faire face à un tel adversaire.
Pendant cinq ans, il ne s'est rien passé. Pendant toutes ces années-là, moi, je ne voyais pas que ce que je pouvais faire d'autre. Rien du tout. Rien du tout. Et je ne vois pas qu'est-ce que je peux faire. En fait, le truc, c'est que tout témoignage public me met en risque d'un procès en diffamation. Et moi, je n'ai pas de moyens. Qu'est-ce que je peux faire face à ce bonhomme qui, visiblement, a les moyens de se payer des avocats ? [Fabio, ex-séminariste, abusé à 23 ans (vers 1987) par un prêtre « thérapeute »]

(…) Après des années, parfois des décennies passées dans des communautés religieuses, ce changement d’existence est loin d’être anodin ; c’est un bouleversement total, d’autant qu’ayant fait vœu de pauvreté, étant éloignées de leur famille ou de leurs amis, les religieuses se retrouvent souvent démunies, sans soutien social, sans ressources et parfois sans perspectives d’emploi, pour démarrer une nouvelle vie.

REACTIONS DE L’ÉGLISE

Plusieurs personnes abusées ont évoqué les réactions très virulentes à leur égard de leurs anciens camarades, mais aussi chez les responsables ou la hiérarchie catholique. Les évêques en particulier ont fait l’objet de critiques unanimes de la part des personnes entendues dans cette enquête. Parmi la douzaine d’évêques contactés par les personnes entendues dans l’enquête, seuls un ou deux ont donné suite et entrepris des démarches, la majorité se limitant à les écouter mais sans qu’aucune action ne soit entreprise par la suite. (…) Les entretiens révèlent que s’il peut être difficile pour une personne abusée de clairement identifier la situation, en revanche, pour un responsable alerté à plusieurs reprises des agissements problématiques d’un membre, il est plus difficile de s’abriter derrière l’excuse de l’ignorance pour ne pas avoir agi. (…) Outre l’inaction, on observe aussi des réactions inadaptées chez les personnes qui ont été informées des abus sexuels. C’est également un reproche récurrent de la part des personnes abusées : l’offre de prières, au lieu de toute autre mesure visant à neutraliser l’agresseur ou à réparer les torts commis. (…) Les réponses inadaptées se manifestent aussi par la désinvolture avec laquelle les personnes abusées peuvent être traitées, un manque d’empathie qui confine à l’hostilité pour ces femmes qui osent mettre en cause des prêtres

(…) Parmi les personnes interviewées, très peu ont connaissance de mesures prises contre les personnes qui les ont abusées. En général, il semble qu’il ne se soit rien passé, ou alors, pas grand-chose : l’abuseur a pu être éventuellement déplacé sur un autre site. La plupart des prêtres agresseurs ou violeurs évoqués par nos enquêtées n’ont fait l’objet d’aucune mesure disciplinaire. La prieure qui a abusé sexuellement de sœur Dominique a en revanche été immédiatement relevée de ses fonctions. (…) Dans ce cas, l’abus sexuel est clairement identifié comme tel par l’autorité sollicitée, la réaction est immédiate, la désignation publique du crime (« des lesbienneries ») tranche avec le secret qui entoure généralement les déplacements de prêtres. Faut-il y voir un traitement différencié en fonction de l’identité de l’abuseur ? Les femmes sont-elles plus rapidement sanctionnées que les hommes ? Dans la même communauté, d’autres faits de violences sexuelles commises cette fois par des prêtres et révélés par des religieuses sont restés sans effet pendant des années. (…) Ces réactions ou plutôt, cette inaction généralisée de la part de l’Église face aux délits et crimes qui lui sont pourtant révélés a des effets importants sur les personnes abusées et notamment sur leurs aptitudes à surmonter les traumatismes associés aux abus.

APRES LES VIOLENCES SEXUELLES / PARCOURS ET ATTENTES

Les violences et abus sexuels peuvent avoir des effets considérables sur le bien-être physique et psychique des personnes abusées : dépression, anxiété, conduites à risques, troubles des conduites alimentaires, perturbations de la vie affective ou sexuelle, tendances suicidaires et douleurs chroniques sont parmi les symptômes communément relevés par la littérature scientifique. Mais lorsque des violences sexuelles prennent place en contexte catholique, outre le fait que ces conséquences peuvent être majorées du fait du lien sacré entre la personne abusée et l’abuseur, il faut y ajouter le retentissement sur la foi ou la pratique religieuse qui peut fragiliser encore davantage les personnes abusées. (…)

En effet, endossant le double rôle de professionnels au service de l’Église catholique investis d’une mission pastorale et de représentants du Christ, les prêtres sont perçus par les fidèles catholiques comme des personnes de confiance. Les violences sexuelles vont non seulement détruire le lien de confiance de la personne abusée avec le prêtre abuseur, mais aussi abîmer son lien avec sa foi ou l’Église et la priver ainsi d’un secours important pour surmonter l’épreuve de l’abus.

Parmi nos enquêtées, les conséquences de ces abus sont généralement dévastatrices : la majorité des religieuses rapportent des problèmes de santé mentale et physique nécessitant des années de thérapie et de grandes difficultés pour réorganiser leur vie en dehors du cadre de la communauté religieuse. Les violences subies ont également eu des effets importants sur leur spiritualité et conduisent à une redéfinition de leur rapport à l’Église. Les ressources et les aides à leur disposition sont peu nombreuses et pourtant leur mobilisation est déterminante pour atténuer les effets des abus et favoriser le processus de « guérison » à laquelle elles aspirent.

(…) Les entretiens avec les religieuses mettent tous en avant le défi qu’a constitué la sortie de leur communauté d’un point de vue matériel, alors que le droit canon prévoit normalement que la communauté religieuse se doit d’aider financièrement la personne sortante à s’installer. Avec en moyenne une vingtaine d’années de vie de réclusion, sans avoir pu faire d’études pour certaines, les religieuses que nous avons interviewées ont connu des moments très difficiles dans les semaines qui ont suivi leur sortie. Le dénuement dans lequel se retrouvent les religieuses qui doivent quitter leur communauté les place en effet dans des situations de dépendance extrême à l’égard de leurs amies, de l’Église ou de leur famille. Pour en sortir, elles doivent, si elles ne sont pas trop âgées, trouver rapidement un emploi en surmontant l’obstacle d’avoir une expérience professionnelle parfois limitée, voire inexistante.

(…) L’enquête donne à lire les situations de personnes très engagées dans une démarche de témoignage, qui sont considérées comme les mieux à même de surmonter leur traumatisme : ne sont restituées ici ni les expériences, ni les parcours des personnes abusées qui n’ont pas réussi à parler, qui n’ont peut-être pas trouvé la force de dénoncer les abus, qui n’ont pas pu engager de thérapie faute de ressources, ou qui n’ont pas encore pu échapper aux violences de leur abuseur. Lors de nos entretiens, nous avons aussi été informés de plusieurs cas de religieuses qui se sont suicidées à la suite, selon nos interlocutrices, des violences qu’elles avaient subies. Il est donc crucial qu’au-delà des situations étudiées ici, qui ne reflètent pas tout l’éventail des possibles, la cause des religieuses dans l’Église soit davantage prise en compte, à propos des abus sexuels notamment mais aussi pour les autres abus de pouvoir auxquels elles sont particulièrement exposées dans et par leur institution.

Extraits du Rapport de l’INSERM pages 282 à 374
Mis en ligne par « Dieu maintenant » le 12 octobre 2021
Dessins de mère Geneviève Gallois, bénédictine (1888-1962)