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Carême 2020
La route de l'exil

La route de l’exil n’est pas seulement celle que prennent les migrants. C’est aussi le chemin que doivent parcourir ceux qui ont à faire de leur propre terre un lieu d’hospitalité. Cheminement pour sortir de soi-même et recevoir l’étranger parmi nous. Marche vers l’Autre et vers les autres, de passage en passage. Chemin de Pâques !

Ce texte a été écrit par Marité Delalande à l’issue d’une année de réflexion sur " des migrants chez nous ", proposée par le CETAD en 2019 (Centre d’Enseignement de Théologie à Distance)

Va, quitte ta terre et ta maison, va vers le pays que je te montrerai… va vers toi, deviens ce que tu es ;

Seigneur, il faudrait donc que je prenne la route de l’exil pour grandir et aller aux confins de ce chemin d’humanité que tu m’as confié ?

Il me semblait que cela n’était pas pour moi
mais d’abord la réalité de tous ceux qui fuient la guerre, la faim et les déluges de la vie… une mer de noyés,
Seigneur, comment est-ce possible ?

Le migrant, celui qui est en danger, assommé par la détresse, celui qui passe la frontière ou se fracasse sur les murs… celui qui est tellement autre, qui me dérange avec tous ses moins d’études, de travail, de santé…

Il m’est si étrange parfois… mais non, chez moi non plus, l’argent ne sort pas des murs !

C’est vrai Seigneur, souvent je ne vois pas ses richesses, sa culture, la chance et le bienfait de la rencontre.

J’aime bien l’idée de prendre la route
et je fais mon travail de colibri
même si je suis bousculée, dérangée,
souvent en colère contre celui qui prend,
en colère contre moi-même
qui, me semble-t-il, vais perdre ce que je suis.

Il faudrait, Seigneur, que tu me délivres de la naïveté de tenir la toute-puissance, de penser qu’il me faut des réponses avant de me mettre en route, de m’assurer contre les mauvaises rencontres et les infortunes…

Parce que souvent, j’ai peur, il se pourrait que je me perde dans ce chemin semé d’embûches ;

Tu sais, j’ai assez vécu pour savoir que l’histoire du loup n’est pas seulement pour le petit enfant !

Alors je marche,
mais je regarde mes pieds qui avancent avec la peur de celui qui n’est pas moi…
mes pieds qui se prennent dans les filets de l’accablement, de l’impuissance, de la honte aussi, car parfois, je ne suis pas fière de moi.

Pourtant, j’aime tellement ce mot de l’hospitalité qui me parle de moi, de l’autre, de Toi, du donner et du recevoir ;

je sais, il me faudrait penser plus large, regarder la ligne de crête, la voie étroite, celle de la promesse du pain pour la route…

Il faudrait aussi Seigneur que tu me donnes l’intelligence de la cananéenne, et que tu me relises l’histoire des miettes, de la juste place.

Je me souviens,
au début de l’histoire de la vie, tu as dit que tout cela était bon…
tu as dit aussi que tu viendras chez moi pour y établir ta demeure,
alors Seigneur, s’il te plaît, garde en moi le goût de l’autre qui me dit qui je suis et me parle de Toi.


Texte de Marité Delalande
Batiks du Burkina et de Mozambique