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Françoise et Bernard Dutoit, le 16/01/2013

Nous ne contestons pas à nos responsables d’église le droit à donner une position officielle mais nous sommes interpellés par le contraste entre une telle dépense d’énergie, et de finances pour peser sur le sujet ( mariage pour tous ) et la frilosité voire même le silence sur d’autres questions où la parole chrétienne et l’accueil des frères et sœurs qui vivent et pensent différemment. seraient certainement tout aussi légitime et sans doute davantage prioritaire.

Dimanche dernier nous étions à la très belle messe des peuples présidée par notre évêque, merveilleux rendez-vous des cultures diverses. En fin de célébration nous étions très mal à l’aise face à l’annonce, à la limite de la manipulation conviant à la manifestation les très nombreux présents à cette eucharistie dont le message était vivre fraternellement la richesse de nos différences. Nous comprenons très bien que notre église ne soit pas d’accord avec le mariage pour tous, mais mobiliser dans une cathédrale des chrétiens soumis à une autorité composée de pasteurs fussent-ils théologiens, dépasse le sens de l’accueil évangélique, d’autant que sur le parvis des enfants mineurs vendaient des badges pour financer cette journée particulièrement risquée pour notre église et pour nous cathos engagés dans notre société. Il nous semble que nous faisons fausse route lorsque nous affichons une unanimité qui n’est que de façade et lorsque nous nous comportons en militants d’un parti ou en syndicalistes.

Nicole B., le 16/01/2013

Merci pour ce site qui dit des choses et fait du bien au milieu du déferlement du débat sur le mariage homosexuel qui donne lieu à une récupération politique odieuse. On entend des choses quasiment insensées, des deux côtés avec une pression désagréable d’une sorte de lobby homosexuel. On ne peut pas se poser une question sur ces couples, les enfants ou autres, sans être taxé d’homophobe et certains en arrivent à nier des faits basiques fondant l’humanité à savoir qu’un enfant est bien né d’un homme et d’une femme même s’il peut être élevé par des parents seuls ou par deux hommes ou deux femmes. Quant aux questions de maternité pour autrui ou même de Procréation médicalement assistée, on en est arrivé à un point limite peut-être où l’enfant est considéré presque comme un objet auquel on a « droit ». Des psy (et moi qui suis assez « freudienne ») sont navrés de certains propos : comment va être fondée l’identité d’un enfant né de l’ovule d'une femme fécondé par un donneur anonyme et mis au monde éventuellement par une autre femme ? au moment où on accorde beaucoup d’importance aux gènes… et à l’inné sur l’acquis. Comment l’enfant pourra-t-il construire son identité, son histoire et celle de sa parenté ? Quant aux mères porteuses c’est terrible. Françoise Dolto depuis longtemps déjà avait noté l’importance de ce qui se passait avant la naissance de l’enfant et de la relation à la mère dans le ventre de celle-ci. Qu’est ce que cela devient ?

On arrive à des dérives bien étranges pour moi…

Merci à vous pour ces contributions diverses et pleines de pertinence même si je ne les partage pas toutes.

Yves G., le 18/01/2013

J’ai regardé comme beaucoup ces hommes, ces femmes et ces enfants qui défilaient Dimanche à Paris, sur mon poste de télévision. Tous ceux que j’ai vu avaient des visages joyeux ou , pour le moins, paisibles et ceux qui criaient les slogans préparés n’avaient pas de visages haineux ou furieux, du moins ceux que j’ai vus. Les banderoles qui flottaient, ça et là, ne correspondaient pas toujours à ces visages et les textes en étaient souvent plus durs.

J’avoue ne pas avoir regardé très longtemps, non par lassitude ou ennui, mais parce que je me posais des questions, beaucoup de questions… et ne savais quoi répondre… Parmi mes amis, un certain nombre y était… alors ?

Sans doute, un certain nombre de personnes, de couples, n’étaient pas mariés, vivaient en union libre ou étaient des personnes divorcées et remariées, des couples qui se félicitaient de ne pas avoir d’enfants homosexuels et d’autres qui souffraient d’en avoir et trainaient cela comme une honte, des hommes acceptant ces différences et d’autres qui ne manquaient pas, si l’occasion s’en présentait, de se moquer et de rire de ces pauvres types à sexualité différente, et aussi d’autres, parfois anciens pensionnaires, parfois anciens séminaristes qui ne pouvaient s’empêcher de penser à certaines expériences qu’ils avaient vécues…et appréciées parfois. Tous étaient réunis pour la même cause, dans un même but, pour préserver notre Civilisation judéo-chrétienne et après tout, pourquoi pas ?

Par une association d’idées tout à fait déplacée, je le reconnais bien volontiers, j’ai eu l’image, mon poste étant éteint, d’une autre manifestation, quelque part en Palestine, avec des hommes sans doute de toutes conditions, conduisant une femme coupable d’adultère à la lapidation… Quelle idée ont-ils de demander l’avis du Christ si ce n’est le piéger et le mettre dans l’embarras. Mais apparemment, Jésus est de leur avis : « Lapidez-la mais à condition d’être sans péché au moins pour le premier. » Admirable honnêteté de ces hommes qui se retirent mais Jésus, lui, est sans péché : il ne condamne pas.

Je sais : on ne voulait lapider personne… du moins avec des cailloux ; on voulait rétablir l’ordre de notre civilisation sans avoir bien calculé le prix à payer… les pharisiens porteurs des pierres pour la lapidation savaient parfaitement cette nécessité d’être sans péché car la Loi leur était parfaitement connue… ils avaient seulement besoin qu’on le leur rappelle… Il y avait eu Dimanche des représentants de Jésus, ou se disant ou se croyant tels, et ils avaient au contraire poussé non pas à lapider bien sûr mais à bien marquer les différences entre les gens dits normaux et les autres, entre les observateurs de la Loi et les non-observateurs.

Je me suis aperçu que je n’étais pas en colère contre les manifestants en général, chacun a le droit et même le devoir de dire ce qu’il pense mais contre ceux dont le devoir est le service de tous et non l’appel à la lapidation, fut-ce-t-elle simplement en mots ou en slogans. Ils n’ont pas condamné une future loi, ils ont condamné des êtres vivants… Le seul visage dur était celui d’un évêque qui était là et qui a été interrogé par un journaliste, son discours ne l’était pas moins et pourtant il pensait représenter Jésus. Mais qui suis-je, moi-même pour juger et condamner ?

Bertrand G., le 19/01/2013

Bertrand revient sur les pages "commentaires et débats" des différents articles que nous avons mis en ligne.

Le débat semble se concentrer sur le mariage lui-même qui ne me semble pas vraiment faire problème.
Par contre je constate que lorsque l’on aborde la question de la filiation, cela devient beaucoup plus flou.
C’est net dans le forum. Une seule interrogation de Geneviève et pas de réponse.
Or c’est la seule question importante.
Comme chacun sait les enfants n’ont rien demandé et surtout pas de venir à la vie. Ce sont donc les adultes qui organisent leur « atterrissage ».
L’adoption n’est déjà pas un long fleuve tranquille, j’en ai quelques exemples autour de moi. Mais l’intervention du tiers permettant aux couples homos d’avoir un enfant ne semble pas passionner les foules.
Pourquoi ?
Inquiétude ?
Impossibilité de répondre ?
Sensation que de toute façon c’est joué et « on verra bien » ?
C’est vraiment ce qui me trouble dans cette affaire.

Bertrand, dans un second commentaire, revient sur le fond du débat :

Une fois encore entre adultes consentants je suis très tolérant tant qu’il n’y a pas de domination inutile et/ou dangereuse. Mais là on voit une mécanique qui se met en place pour des raisons qui n’ont plus rien à voir avec le sujet de départ. Il faut plaire et paraître jeune et dans le vent comme on disait il ya 30 ans. Au profit de qui ? Surement pas des générations suivantes. Comme pour les histoires de dette, c’est une génération qui prend (ou plutôt ne prend pas) les décisions et une autre qui règle l’addition. Mais c’est tellement plus facile que de réfléchir à ce que l’on fait. Qui aura le courage de ne pas se lancer dans l’aventure ? Aucun d’entre nous ne verra l’affaire mais je reviendrais bien petite souris dans 3 ou 4 générations pour voir le résultat.

J’ai entendu des argumentaires consternants du genre il y a eu la même levée de bouclier dans les mariages interraciaux aux USA par ex. C’est affligeant tant la différence des situations est évidente. A la fois anachronisme et erreur de perspective. Pour autant je suis sensible à l’idée que je suis évidemment inséré dans un contexte socio historique et que tel ou tel jugement peut ne pas être vraiment libre. Comte tenu de mon âge (la petite soixantaine), je pense être relativement dégagé des contingences et laisse volontiers les manettes aux suivants. Simplement je ne vois pas comment en ouvrant les vannes du mariage homosexuel on pourra arrêter le fleuve PMA et GPA. C’est pour moi le point central. Si on me montre précisément comment on fait alors je signe sans arrière pensée pour le mariage homo (qui n’est pas pour tous puisque je ne peux pas me marier avec ma fille, grave discrimination !)

Jean-François C., le 20/01/2013
En réponse à Yves G. et Françoise et Bernard Dutoit

Pourquoi présenter l’opposition au projet de loi « mariage pour tous » comme une position anti-homos ? Refusons cet amalgame !

Présenter le projet de loi « Mariage pour tous » comme étant une avancée vers l’égalité est d’ailleurs une tromperie : pour les couples homos, cela ne changera rien quant à la procréation (question pourtant essentielle), mais par contre, pour les enfants, ce sera une source d’inégalité.

Je pense qu’il y a déjà trop d’enfants qui souffrent de ne pas connaître leur père ou leur mère (voir par exemple , les efforts des enfants nés sous X pour retrouver leurs racines), pour ne pas leur éviter ce problème

Reconnaissons plutôt les qualités du mariage dans sa conception actuelle : reflet de la loi naturelle (et donc écolo), fruit d’une évolution de plusieurs siècles, offrant des conditions optimales pour l’épanouissement des enfants, repère social (paritaire) et cellule de base apportant cohésion et équilibre à notre société … et protégeons ce bien commun.

Apportons d’autre part des réponses aux questions légitimes des couples homos, prenons des mesures qui répondent aux problèmes qu’ils rencontrent… et pourquoi pas une loi si nécessaire !

Les catholiques (interpellés dans un message précédent) s’opposent à ce projet ; eh bien tant mieux,… je trouve même qu’ils pourraient le faire encore plus.

Yves G., le 21/01/2013
En réponse à Jean-François C.

J’ai lu avec attention les remarques de Jean-François et cela me fait une fois de plus regretter que ces échanges de vue ne soient pas oraux, directs, avec la possibilité chaque fois de s’expliquer si une réflexion a paru trop abrupte… Ceci dit je suis à peu près d’accord avec tout ce que vous paraissez penser du problème qui nous occupe.

Je n’ai jamais pensé, ni écrit, que les manifestants étaient tous des homophobes mais, avec une expérience de très vieux praticien, je ne peux que me souvenir des réactions et des jugements entendus dans le secret d’un cabinet ; cela va de la commisération hypocrite à la condamnation sévère en passant par la sympathie… « Ces pauvres gens… ils n’avaient pas mérité ça ! ». Tous n’étaient pas homophobes, c’est certain mais combien de couples aurait accueilli, je ne dis pas favorablement mais simplement sans déception, l’annonce de l’homosexualité de leur enfant ?

Je n’ai jamais écrit ni pensé que c’était une avance vers l’égalité et je suis persuadé que c’est un recul : égalité ne peut faire oublier, ne doit pas faire oublier ce qui fait nos différences et donc nos richesses, nos spécificités. Que des homosexuels souhaitent se voir unis, ou unies, par des liens officiels, je l’admets d’autant plus volontiers, que j’ai vu au début du s.i.d.a. des actes de dévouement admirables entre des garçons que leurs familles avaient charitablement abandonnés.

Le problème des enfants est redoutable et non réglé par le projet de loi. La solution des mères-porteuses est, à mon sens, une honte pour les pays qui l’ont adoptée et l’adoption d’enfants abandonnés doit être discutée et réfléchie.

Pardonnez-moi enfin d’avoir une opinion moins enthousiaste que la vôtre sur les avancées civilisatrices que représente notre institution matrimoniale : l’union libre progresse de plus en plus, les divorces progressent également, les foyers recomposés se multiplient sans que le souci des enfants un peu perdus dans ces parentés successives soit considéré. Jusqu’au début du 20ième siècle, il était de bon ton que les parents choisissent la bru, à charge du garçon de choisir plus tard ses maîtresses. Actuellement le progrès permet à nos jeunes de choisir eux-mêmes, et c’est bien, et aussi de se séparer plus vite, avec ou sans enfant, dans une irresponsabilité totale que l’on soit manœuvre dans le bâtiment ou fils de la reine d’Angleterre

Et merci d’avoir eu la patience de me lire.

Jean-François C. , le 23/01/2013
En réponse à Yves G.

Eh bien, moi aussi, je suis d’accord sur de nombreux points que vous évoquez : vos développements concernant les homosexuels (OK) ou les « motivations » supposées des manifestants (peut-être) mais cela concerne très indirectement le projet de loi en lui-même. En tout cas, je ne suis allé manifester que pour exprimer mon opposition au projet de loi que je trouve particulièrement néfaste pour notre société.

Je ne partage pas du tout votre « évocation » du mariage, qui nous donne droit à une liste d’échecs : bien sûr, l’homme (marié ou homo d’ailleurs) n’est pas parfait. Mais il y a aussi des mariages heureux, vous en connaissez certainement autant que moi ! Le mariage reste un bien commun (cf mon msg précédent) il est à distinguer de la façon dont il est vécu (ou est mal vécu) : il tient sa valeur actuelle à son adéquation à la loi naturelle et non à une pratique (ou à une demande), fût-elle majoritaire, qui elle, restera toujours conjoncturelle et donc fluctuante.

On voit bien que « si ce que l’on fait devient la norme de ce qui est » on court à la catastrophe. Enfin, pensez-vous que cette loi (en projet) aidera vraiment les homosexuels ? Ne les enfermera-t-elle pas un peu plus dans leur orientation sexuelle sans résoudre les vrais problèmes qu’ils rencontrent ? Là aussi, il faudrait écouter la majorité silencieuse et réfléchir à de vraies solutions.

Joëlle Nicolas, Pédiatre, Montaud, le 24/01/2013
A propos des articles précédents et des commentaires

Merci pour ces éclairages dans un débat entre chrétiens extrêmement difficile et complexe. Je compte des ami(e)s, (n'est-ce pas Marie Reine ?) et des proches dans les deux camps mais je me situe plutôt du côté de l'accueil et de l'ouverture. Merci de nous avoir rappelé combien Jésus était accueillant pour les marginaux, les petits, les opprimés et combien sa loi était celle de l'amour du prochain, fut-il samaritain, étranger, romain, publicain... J'ai personnellement, en tant que médecin, accompagné de nombreux homosexuels dans leur lutte à mort contre le VIH/SIDA et dans leur demande de reconnaissance et de dignité, après des siècles de mépris, d'exclusion et de condamnation. Pédiatre, j'ai pu aussi soigner des enfants vivant dans un foyer homoparental. J'ai constaté à la fois l'affection et la vigilance dont ils étaient entourés et à la fois la précarité sociale qui les guettait, en raison de la double fragilité du couple qui les élevait. L'anticipation de la séparation par décès de l'un d'entre eux et la non reconnaissance des liens noués généraient une immense anxiété quant à leur avenir.

Je n'ai pas lu l'éditorial de Témoignage Chrétien mais j'ai beaucoup apprécié l'article du Monde du 9 janvier 2013, écrit par ses codirecteurs : Jean Pierre Mignard et Bernard Stéphan. "Un mariage pour tous, une Eglise pour tous, dialoguons sans invectives", offrant une autre voix de la part de chrétiens, qui a fait écho en moi. En effet, je pense sincèrement que la loi autorisant le mariage et l'adoption par des couples homosexuels sera réparatrice de toutes ces douleurs pour une communauté aussi exposée. Elle leur apportera une vraie reconnaissance, mais aussi protection et responsabilité, ce que le PACS, très incomplet, n'a pas réussi à faire. La loi n'est pas seulement permissive, elle met aussi des limites : le mariage n'est pas un droit, il est un choix et un engagement sérieux. La procréation n'est pas un droit ou une loterie, elle est une responsabilité. En cela, une loi est meilleure qu'une absence de loi, qui laisse ouvertes toutes sortes de "pratiques à domicile" plus ou moins douteuses. Sans loi, qui empêche un couple homosexuel de rémunérer le donneur de sperme ou la mère porteuse ? Qui encadre les relations que l'enfant, conçu dans ces conditions, noue avec son géniteur et avec sa mère ? Seule la loi peut apporter un peu d'ordre dans le désordre et les non-dits actuels.

La loi serait aussi un progrès si elle saisit l'occasion d'une mise à plat des procédures de l'adoption plénière pour TOUS les enfants concernés, qui aujourd'hui souffrent de graves problèmes de constructions identitaires. Leur état civil est actuellement parfaitement mensonger puisqu'il ne mentionne pas l'existence de parents géniteurs et fait croire qu'ils sont nés de leurs parents adoptifs ! Elle devrait être aussi l'occasion de donner la possibilité d'un accès à leurs origines de tous les enfants, une fois devenus adultes, nés sous X, adoptés ou nés par PMA, accès qui seul est garant d'une identité solide.

Mais je regrette que dans votre débat, la confusion entre PMA et GPA n'est pas levée, alors que ce sont des pratiques extrêmement différentes. Un très bon article paru lui aussi dans le Monde du 12 décembre 2012, signé par un collectif féminin : Le « mariage pour tous » ne doit pas ouvrir la voie aux "mères porteuses" fait parfaitement le point la dessus. La PMA dont ont besoin les femmes homosexuelles est une insémination avec donneur, c'est à dire la plus simple des procédures, qui, contrairement aux pratiques domestiques, donnera des garanties qu'elle soit faite dans les meilleures conditions d'hygiène et d'éthique possibles. Elle nécessite une ou deux consultations médicales, ne présente aucun danger ni pour le donneur, ni pour la future mère. Quoi de commun avec une grossesse par une mère porteuse ? Cette dernière court pendant 9 mois les risques de toute grossesse et de tout accouchement, fait courir à l'enfant les risques d'une grossesse sans désir ni tendresse et devra être au moins "défrayée" sinon "rémunérée" pour les compenser. De plus en France, depuis toujours, les dons d'organes, de sang, de moelle sont gratuits, les dangers d'une pratique rémunérée pour le donneur et pour le receveur ayant été bien décrits et refusés catégoriquement par nos autorités. Je ne vois pas comment pour la GPA, nous pourrions revenir sur ce principe qui a fait ses preuves et qui est accepté de tous. Nous avons pour y veiller un comité d'éthique national très soucieux de conserver ce qui fait notre honneur.

Enfin je ne m'exprimerai pas sur le même ton qu'Yves Gaubert, mais j'apprécie le fond de son indignation : pourquoi les Eglises réagissent aussi fermement sur ces sujets de bioéthique, et en particulier sur l'homosexualité, alors qu'on ne les a pas vraiment entendus sur bien d'autres où la violence, l'injustice et la confusion sont encore plus délétères. La maltraitance des enfants, physique ou sexuelle, pratiquée largement jusque dans les institutions chrétiennes pendant des siècles, n'a jamais mis personne dans la rue, banderoles et slogans à l'appui pour les défendre. La spéculation et la corruption tuent aujourd'hui dans le tiers monde des millions d'enfants par malnutrition et maladies infectieuses. Qui manifeste pour les en protéger ? La précarité, la solitude, le harcèlement au travail, les addictions, l'immigration clandestine et toutes sortes de maux mettent en danger en France, beaucoup plus d'enfants et de familles que les quelques foyers homoparentaux qui s'attachent à être conviviaux et harmonieux. Je n'ai pas entendu beaucoup de chrétiens prendre publiquement la parole pour interpeller nos politiques sur ces sujets, qui sont les véritables maladies sociales et spirituelles de notre temps !

Continuons les échanges, peut-être cela fera bouger les lignes et prendre conscience qu'il y a encore tant à faire pour que notre société soit plus fraternelle.

Christine Fontaine (pour l'équipe animatrice), le 24/01/2013

Un point de vue qui évolue

Nous avons écrit trois articles sur le "mariage pour tous".

L'un, juste après la prière du 15 août : plusieurs lecteurs du site nous demandaient ce que nous pensions de l'initiative des évêques de France ; nous tentions alors d'amorcer une réflexion à laquelle nous étions peu préparés :
mariageshomosexuels.html (mis en ligne le 2/09/2012).

Nous avons ensuite consacré une réunion de l'équipe animatrice sur le sujet et tenté de faire un compte-rendu de notre débat. Il apparaissait que personne n'était contre le mariage et l'adoption (même si certains auraient préféré qu'on emploie un autre terme que "mariage"). Deux points de vue extrêmes apparaissaient :

- Celui de Marianne (psychanalyste) : elle considère que nous sommes à une époque de mutations des structures familiales et qu'il faut ménager un maximum d'ouverture (PMA et GPA pour tous).

- Celui de Jean-Luc (avocat, spécialiste du droit de la famille ): il pense que si l'on ouvre la PMA à d'autres que les couples hétérosexuels pour des raisons médicales on ne pourra pas la limiter aux couples de lesbiennes ; on l'ouvira aussi - à court terme - aux femmes seules et à tous les couples hétéros qui pourront choisir entre un mode de procréation classique et la PMA. Il pense aussi que ce serait faire du "communautarisme" que d'autoriser la PMA pour les femmes et d'interdire la GPA pour les hommes. Donc il dit oui au mariage et à l'adoption et non à tout le reste.

- Face à ces deux points de vue, l'ensemble de l'équipe a refusé totalement la GPA (mères porteuses). Etienne, médecin qui a dirigé longtemps un centre de transfusion sanguine, a fait remarqué que la France a lutté pour que le don d'organes soit gratuit dans notre pays et qu'il n'était pas question de revenir sur cette décision en permettant la "marchandisation" de nouveaux nés. A propos de la PMA pour les femmes, la plupart pensait qu'il ne serait pas impossible de l'ouvrir aux couples mariés de femmes et de l'interdire aux autres. Ce point de vue est décrit dans notre second article :
mariageshomosexuelssinousvotions.html (mis en ligne le 5/11/2012).

A l'issue de cet article, nous avons reçu une avalanche de commentaires (écrits ou oraux) nous accusant de faire du communautarisme en acceptant la PMA pour les femmes et en refusant la GPA pour les hommes. Nous nous sommes rendu compte alors que le point de vue de Jean-Luc était peut-être sage : si la PMA pour les couples de femmes doit ouvrir la GPA, alors nous refusons les deux. Je pense que c'est à cet article que Joëlle fait allusion dans son commentaire : mariagepourtous.html (mis en ligne le 21/12/2012).

Ces articles successifs manifestent que la question n'est pas simple ; la réflexion de "Dieu Maintenant" évolue en fonction de vos commentaires que nous prenons au sérieux.

Sur la participation à la manifestation du 13 janvier

La très grande majorité de l'équipe animatrice n'accepte pas que la hiérarchie catholique ait mis tout son appareil (paroisses, diocèses, mouvements) au service de cette manifestation alors qu'elle ne l'a jamais fait pour d'autres sujets tout aussi importants. Elle dénonce aussi le fait que la hiérarchie demande un débat avec la société alors qu'elle n'a pas même envisagé de l'organiser entre chrétiens.

Néanmoins certains d'entre nous ont participé à la manifestation MALGRE cette emprise de la hiérarchie catholique. Ils l'ont fait pour demander l'interdiction de la GPA (et de la PMA pour certains). Cependant, d'autres - qui étaient contre la PMA et la GPA - n'ont pas participé à la manifestation puisque le projet actuel du gouvernement porte uniquement sur le mariage et l'adoption. D'autres encore n'y sont pas allés parce qu'ils sont pour le mariage, l'adoption et la PMA. D'autres enfin sont restés chez eux parce qu'ils contestent l'emprise de l'Eglise catholique sur le sujet (bien qu'ils soient contre la GPA et la PMA pour tous).

Des centaines de milliers de manifestant ont défilé dans les rues de Paris ce 13 janvier. Mais contre quoi ? Le mariage pour tous ? L'adoption ? La PMA ? La GPA ?... Le gouvernement actuel ? Dieu seul le sait !

Marie-Reine M., le 26/01/2013

J'apprécie cette diversité de points de vue exprimés sur votre site, sans jeter d'anathème sur les positions des autres. C'est un sujet si délicat et la décision qui sera prise, quelle qu'elle soit, ne pourra pas apporter seulement du bien, comme tout ce que nous faisons.

Au final, chacun tient un "point d'attention" et dit aux autres : "n'oubliez pas cela". Il est bon qu'il en soit ainsi et que vous le permettiez. J'en retiens quelques uns :
- attention à l'accueil de l'autre, humilié et exclu,
- attention aux situations de fait et à la nécessité de les réguler par le droit,
- attention aux enfants qui sont dépendants de toutes ces décisions qui vont faciliter leur vie et leur insertion sociale ou les livrer à une instrumentalisation pour la satisfaction des adultes (ce qui est de toute manière toujours à interroger dans notre relation à nos enfants),
- attention à tout ce qui crée de la confusion (le cœur de mes propos).

Nous avons dit ce que nous avions à dire et mit cela dans le "pot commun" pour que la parole fasse son chemin dans le cœur de chacun. Maintenant passons à l'action : je prends en compte ce que me disait l'un de mes amis : l’Église devrait se préoccuper de mettre en œuvre l'accueil des personnes homosexuelles (et de bien d'autres d'ailleurs !). Comment pouvons nous, aujourd'hui, chacun là où il se trouve, promouvoir un véritable accueil des personnes TELLES QU'ELLES SONT sans leur demander de se conformer à quelque norme que ce soit pour les aimer, les accueillir avec leurs richesses et leurs limites. Bien sûr nous aimerions que l'Église institutionnelle le fasse : elle détourne d'elle un grand nombre de personnes qui se perçoivent rejetées. Mais tout groupe, aussi petit soit-il, à tendance à générer ses inclus et ses exclus ; la responsabilité est donc celle de chacun et de toutes manières chacun ne peut balayer que devant sa propre porte.

Courrier des Présidents de l'Action Catholique Ouvrière
à chaque évêque de France, reçu le 4/02/2013

Transmis à Dieu Maintenant par Yves G.

Monseigneur,

Après divers temps et lieux de partage et de réflexion en ACO concernant ce qui est appelé « mariage pour tous », et suite à un échange en Bureau national nous aimerions, comme responsables de mouvement d’Eglise, vous faire part de quelques réflexions et interpellations qui traversent notre Mouvement.

Pour cela, nous faisons référence à nombre de témoignages des membres de l’ACO qui se situent de manières diverses concernant le projet de loi, dont nous vous partageons quelques propos :

« Nous comprenons très bien que l’Eglise ne soit pas d’accord avec le mariage pour tous, mais « rameuter » les chrétiens pour manifester leur opposition, cela dépasse l’entendement ».
« Les homosexuels n’ont pas choisi d’être ainsi et nous, parents, nous souhaitons qu’ils puissent s’épanouir dans leur différence, qu’ils aient les mêmes droits que les autres couples, que leur amour soit reconnu officiellement ».
« Nous avons approuvé, en son temps, la création du PACS. Si la situation des couples de même sexe le nécessite, ne pourrait-on pas le modifier sans remettre en question la notion de mariage ? ».


Ces témoignages interpellent sur la souffrance engendrée particulièrement par des prises de position dans notre Eglise, tout autant que par un rejet toujours présent dans notre société à l’égard des personnes homosexuelles.

Il nous semble que la diversité des opinions chrétiennes n’est pas honorée par ces prises de position puisqu’elles se sont exprimées en amont des débats qui commencent seulement à se vivre à l’intérieur de l’Eglise.

Et si nous ne contestons pas aux responsables de l’institution ecclésiale le droit à donner une position officielle, nous sommes interpellés par le contraste entre une telle dépense d’énergie pour peser sur la question du « mariage pour tous » et la frilosité voire même le silence sur d’autres sujets où la parole chrétienne serait tout aussi légitime. La marchandisation du monde n’engendre t’elle pas trop de souffrances parmi les travailleurs du monde entier : conditions de travail dégradées et dégradantes, précarité, pauvreté, privation d’emploi… ? des situations aux répercussions dramatiques sur la vie des personnes et de leurs familles, au sein desquelles les enfants ne sont pas épargnés.

Nous sommes mal à l’aise avec les propos du Catéchisme de l’Eglise Catholique qui qualifie « d’actes désordonnés, de dépravation » des sentiments sincères, et appelle les homosexuels à la chasteté. Nous apprécions le document du Conseil Famille et Société de votre conférence nationale lorsqu’il dénonce les actes malveillants et rappelle que les catholiques doivent avoir une attitude de respect, d’écoute et d’accueil de la personne homosexuelle au cœur de notre société, puisque nous sommes tous Filles et Fils de Dieu.

Si les avis divergent au sein de notre Mouvement sur le « mariage pour tous », la possibilité d’adoption, nous voulons par ce courrier rappeler qu’au nom de notre baptême, la première attitude à avoir est celle de l’accueil et du respect, et qu’il importe d’engager le dialogue.

Il nous semble également important de considérer avec amour les enfants qui vivent déjà avec des couples homosexuels, et qui ont droit de grandir sereinement, protégés de la haine et de l’homophobie. Il nous semble important de ne pas les stigmatiser au prétexte que la famille idéale serait « un papa, une maman, des enfants ». Or, nous rencontrons aujourd’hui beaucoup de femmes qui élèvent seules leurs enfants et nombreuses sont les familles recomposées. Elles existent et ne doivent pas être ignorées.

Les manifestations qui veulent défendre l’institution du mariage ne font, à notre sens, qu’attiser les souffrances et l’incompréhension, et ne permettent pas un débat serein. L’Eglise n’a-t-elle pas, en corollaire du texte publié par le Conseil Famille et Société à encourager la recherche sur les solutions diverses que l’on peut envisager, même si c’est au législateur de décider.

Notre mouvement encourage ses membres à entrer dans le débat et les invite à prendre connaissance du texte publié par le conseil Famille et Société, des propos de Jean Rigal et d’autres apports sur le sujet. Le vote d’une loi ne marque pas une fin en soi. Et pour cette question, comme pour toutes celles qui touchent à l’intégrité de l’Homme, le débat se poursuivra dans notre mouvement.

Nous faisons nôtres ces paroles de Jean Rigal « Les chrétiens savent que l’Evangile reste leur guide et leur stimulant ». Que ce temps de Noël ravive notre espérance en une Terre nouvelle et un Monde nouveau.

Unis dans la mission confiée par le Christ dans son Eglise,

Cordialement,

p/o l’Action Catholique Ouvrière,
ses co-présidents : Isabelle Honvault, Jean-Louis Lapert
(envoyé à chaque évêque de France le 21/12/2012)