 Voici de nouveau la tristesse. Elle revient avec toutes ses armées, ses glaives et ses lances, d'un puissant élan ; 
						elle a investi notre cité. Le torrent de sa cavalerie m'a ébranlé. Elle s'est avancée, elle a demandé le silence, elle m'a apostrophé de loin.
						
						Voici de nouveau la tristesse. Elle revient avec toutes ses armées, ses glaives et ses lances, d'un puissant élan ; 
						elle a investi notre cité. Le torrent de sa cavalerie m'a ébranlé. Elle s'est avancée, elle a demandé le silence, elle m'a apostrophé de loin.
						
						« Voici, a-t-elle dit, l'homme qui a espéré dans le Seigneur, qui pensait n'être pas confondu pour l'éternité, qui s'attachait 
						à la consolation de l'espérance ! » Et voyant qu'à ces mots je rougissais, elle s'est approchée et a dit : 
						« Où sont les promesses de ton Espérance ? Où est ta consolation ? Où est ta délivrance ? A quoi bon tes larmes ? 
						Tes prières, qu'ont-elles obtenu du ciel ? Tu as crié et personne ne t'a répondu ; tu as  pleuré, et qui donc s'est 
						ému de miséricorde sur toi ? Tu as invoqué ton Dieu et il s'est tu ; tu l'as prié et supplié, il n'a ni répondu ni entendu ; 
						tu as imploré tous les saints et aucun d'eux ne t'a regardé. Qu'as-tu gagné aux paroles de l'espérance ? Tu as peiné, 
						et tu n'as rien trouvé dans tes mains. Penses-tu que Dieu s'occupe des choses d'ici-bas ? Il se promène sur la voûte du 
						ciel sans s'intéresser à ce qui nous touche. »
 
						 Tels étaient ses blasphèmes. Et comme ses paroles m'étaient en horreur, 
						elle s'approcha encore et me dit à l'oreille : « Penses-tu qu'elle soit vraie, cette foi que tu prêches ? Veux-tu que 
						je te montre qu'elle n'est qu'une fiction des hommes ? Une preuve suffit. Si Dieu s'était fait homme et s'était laissé 
						crucifier par les hommes, comment une telle tendresse pourrait-elle ne pas consoler un homme accablé par les pires tristesses, 
						tournant vers elle sa plainte et ses larmes ? Si, comme on le dit, la bonté infinie de Dieu l'a fait descendre du ciel pour 
						être cloué sur une croix, comment ferait-il maintenant pour ne pas descendre vers la misère des hommes afin de les réconforter ? 
						Rien de plus facile, pour lui, que de les secourir par sa même pitié ! Pourquoi les anges et les élus, si pleins de miséricorde, 
						ne viennent-ils pas te soutenir ? Que d'hommes, s'ils le pouvaient, qui viendraient à toi pour t'apporter la douceur 
						d'une parole ou d'un service, et pour te délivrer de toute angoisse !  Pourquoi les élus, qu'on dit bien meilleurs 
						que les hommes ne le font-ils pas ? Crois-moi : tout est hasard. Le visible seul existe. Votre esprit se dissipe 
						comme une fumée : qui donc est jamais revenu de l'au-delà pour nous raconter quelque chose du sort des âmes après la mort ? 
						Ce sont des contes de femmelettes. Lève-toi donc, appuie-toi sur le secours des hommes, tu sortiras de ta prison, 
						tu vivras désormais sans être frustré dans ton espérance, tu continueras ton oeuvre. » Et quand elle eu ainsi parlé, 
						il s'éleva de son camp une telle clameur, un tel tumulte d'armes, une telle sonnerie de trompes que c'est à peine si 
						je pus subsister, et que, si ma chère espérance ne fût venue à mon secours, elle m'eût entraîné, chargé de chaînes, dans son parti.
						Tels étaient ses blasphèmes. Et comme ses paroles m'étaient en horreur, 
						elle s'approcha encore et me dit à l'oreille : « Penses-tu qu'elle soit vraie, cette foi que tu prêches ? Veux-tu que 
						je te montre qu'elle n'est qu'une fiction des hommes ? Une preuve suffit. Si Dieu s'était fait homme et s'était laissé 
						crucifier par les hommes, comment une telle tendresse pourrait-elle ne pas consoler un homme accablé par les pires tristesses, 
						tournant vers elle sa plainte et ses larmes ? Si, comme on le dit, la bonté infinie de Dieu l'a fait descendre du ciel pour 
						être cloué sur une croix, comment ferait-il maintenant pour ne pas descendre vers la misère des hommes afin de les réconforter ? 
						Rien de plus facile, pour lui, que de les secourir par sa même pitié ! Pourquoi les anges et les élus, si pleins de miséricorde, 
						ne viennent-ils pas te soutenir ? Que d'hommes, s'ils le pouvaient, qui viendraient à toi pour t'apporter la douceur 
						d'une parole ou d'un service, et pour te délivrer de toute angoisse !  Pourquoi les élus, qu'on dit bien meilleurs 
						que les hommes ne le font-ils pas ? Crois-moi : tout est hasard. Le visible seul existe. Votre esprit se dissipe 
						comme une fumée : qui donc est jamais revenu de l'au-delà pour nous raconter quelque chose du sort des âmes après la mort ? 
						Ce sont des contes de femmelettes. Lève-toi donc, appuie-toi sur le secours des hommes, tu sortiras de ta prison, 
						tu vivras désormais sans être frustré dans ton espérance, tu continueras ton oeuvre. » Et quand elle eu ainsi parlé, 
						il s'éleva de son camp une telle clameur, un tel tumulte d'armes, une telle sonnerie de trompes que c'est à peine si 
						je pus subsister, et que, si ma chère espérance ne fût venue à mon secours, elle m'eût entraîné, chargé de chaînes, dans son parti.
						
						L'espérance est donc venue, étincelante de la splendeur divine ; elle a souri et elle a dit : « Allons ! Soldat du 
                        Christ ! Où est ton coeur, où est ton courage dans ce combat ? » A ces paroles, la honte me gagna. 
                        Alors elle dit : « Ne crains pas, le mal ne s'emparera pas de toi, tu ne périras pas. Voici que je suis avec 
                        toi pour te délivrer.(...)
						Qu'il te suffise donc de l'invisible visitation du ciel. Le Seigneur sait ce qui t'est nécessaire. N'a-t-il pas été 
						ta consolation ? Je sais moi-même ce que tu as éprouvé dans ton coeur. Lève-toi, retourne à l'oraison. 
						Crie, demande, cherche, persévère. Si tu n'es point son ami pour qu'il te réponde, il te donnera néanmoins, 
						à cause de ton importunité, tout ce qui t'est nécessaire ! »
						 Alors consolé par ces paroles, je me redressai, puis prosterné devant Dieu, je continuai ma prière en disant :
						Alors consolé par ces paroles, je me redressai, puis prosterné devant Dieu, je continuai ma prière en disant :
						Inclinez vers moi votre oreille, hâtez-vous de me délivrer
						Seigneur mon Dieu, je reviens à vous.
 C'est l'espérance qui m'y convie. Ce n'est pas ma présomption.
 
						Votre bonté m'invite, votre miséricorde me tire, oh quelle dignité !
 
						Je suis dans la joie, je n'ai pas besoin de quelque autre consolation.
						
						Peintures extraites du Chemin de Croix
						de Dominique Penloup