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Christine Fontaine, le 31/8/2018

A propos du Pape, vers une société de tolérance 0...

Je ne cherche vraiment pas à défendre contre vents et marées l'institution ecclésiale. Cependant je trouve qu'il y a parfois certains excès dans la critique du Pape en ce moment.

On l'accuse d'homophobie parce qu'il a dit que des "psychiatres" peuvent aider des petits dont on découvre l'homosexualité. On l'accuse, par ailleurs, d'avoir probablement couvert le comportement de pédophiles durant sa longue carrière. Peut-être ne faut-il pas oublier que, durant cette longue carrière, l'appréhension de l'homosexualité d'une part, de la pédophilie (au sens large) d'autre part ont changé et pas seulement pour le pape.

Ce n'est que le 17 mai 1990 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) retirait l’homosexualité de la liste des maladies, où elle figurait comme un trouble mental. Il y a 70 ans la pédophilie était non pas acceptée mais plus ou moins tolérée. Non seulement par le pape ou par l’Église mais par l'ensemble de nos sociétés occidentales.

Comme l'écrit Michel Jondot, la morale (et le droit) changent en fonction de l'inconscient culturel qui nous habite. Je trouve que c'est un bien. Mais on ne peut pas reprocher les actes de quelqu'un sans les replacer dans le contexte culturel d'une époque. Certes le Pape n'aurait pas dû employer le mot "psychiatre". Mais il s'en est excusé ensuite. Par ailleurs l'ensemble de sa prise de parole manifeste un réel tournant : le Pape demande que les homosexuels soient écoutés et reconnus dans l’Église, dans la société ou dans leur famille.

A force de pointer et d'insister sur les erreurs sans tenir compte du contexte, à force de juger impardonnables ces manquements quels qu'ils soient, ne va-t-on pas arriver à une société de tolérance 0 ? La nouvelle morale - certes laïque - n'aurait rien à envier à l'ancienne morale cléricale. Je n'ai aucun goût pour vivre dans ce genre de société, qu'elle soit laïque ou ecclésiale. Je crois qu'une société de tolérance 0, quelles que soient les bonnes intentions de ceux qui la prônent, mène inéluctablement à une sorte de fascisme.

Claudine Onfray, le 31/8/2018

L’article qui souligne des points justes me semble ignorer complètement que l’Eglise s’est toujours posée en position de posséder La Vérité en morale, en Eglise Sainte et Pure. C’est ce gouffre qui se crée aujourd’hui car même si un esprit tolérant peut penser que cette Eglise est faîte d’hommes, il ne peut plus supporter qu’elle continue de donner des règles en morale sexuelle. Car aujourd’hui il est toujours illicite de prendre une contraception, de soigner une stérilité, de divorcer. Elle juge et fait le contraire de ses règles. Le peuple de Dieu est adulte et ne veut pas que l’on décide pour lui surtout dans des sujets où les hommes d’Eglise les meilleurs reconnaissent leur incompétence totale. Pour ce qui est de Mgr Barbarin ce n’est pas uniquement ses défaillances qui sont intolérables mais ses mots qui montrent sa non prise en compte des problèmes. Quand on dit que l’IVG est assimilable aux crimes nazis, quand on dit : « grâce à Dieu il y a prescription » comment ne pas s’attirer la colère des prêtres et des hommes et des femmes de ce temps.

La place reconnue aux femmes est récente mais devrait réjouir l’Eglise car le Christ leur a donné une large place. Pour les enfants on pourrait dire la même chose.
L’immense problème de l’Eglise c’est que le prêtre ou l’évêque n’ont pas de vis à vis à égalité : femmes, non consacrés …….
Il est urgent que la conversion se fasse car les Eglises se vident …………

Michel Jondot (en réponse à Claudine Onfray), le 1/9/2018

Je suis assez d'accord avec vos réactions. J'apporte deux nuances : Vatican II a su relativiser beaucoup de choses et le principe " Ecclesia semper reformanda " demeure. Cette tâche incombe à tous les baptisés. Il est vrai que l'esprit du Concile s'est essoufflé, j'en conviens. Par ailleurs, il est bien vrai aussi que la place des femmes laisse cruellement à désirer. Reste que les femmes en position de pouvoir sont, elles aussi, en risque de succomber à la tentation de cléricalisme ! Modifier les types de relations dans l'Eglise, les rendre fraternelles et non hiérarchiques me semble la tâche urgente à laquelle il faudrait s'affronter.

Marie-France, le 1/9/2018

Merci Michel pour cet élargissement bienvenu, même si je n'ai pas ressenti la citation de Mgr de Moulin Beaufort dans le même sens que vous - faute sans doute d'avoir l'expérience de faire partie d'une équipe de prêtres !

Maurice Buttin, le 1/9/2018

Cher Michel,
Tout cela est très bien dit et ton rappel historique me parait très important, de même que la conclusion qui s'imposait. Bravo !
Fraternellement

Jean Lavoué, le 1/9/2018
nous fait parvenir ce texte qu'il a écrit récemment pour le journal "Ouest France".

Abus sexuels et dérives du pouvoir dans l’Église

Il est d’usage dans les milieux catholiques de refuser le lien entre statut du prêtre et abus sur les enfants, de renvoyer ces faits souvent prescrits au passé, les « malades » ayant été écartés, de minimiser l’importance des chiffres, ou encore d’attirer l’attention sur le fait que 80% des délits sexuels sur mineurs se déroulent au sein des familles et concernent donc surtout des hommes mariés.

Cette lecture gomme le pourcentage alarmant des hommes d’Eglise impliqués. Le pape François reconnaissait le 13 juillet 2014 (interview Répubblica) 2 % de prêtres abuseurs dans les rangs de l’Église qui comptent aujourd’hui 414 000 prêtres : soit 8280 prêtres ou religieux. La Justice parle en Australie de 7 % ! Au cours de la décennie 70, ce pourcentage atteint plus de 10% aux Etats-Unis. L’Eglise n’avait pas alors pris la mesure des conséquences de la mutation concernant les nouveaux enjeux de la sexualité et du rapport hommes-femmes : dans l’hypocrisie institutionnelle, de nombreux prêtres y ont été confrontés de manière dramatique.

Il faut cesser de détourner le regard par rapport à la responsabilité de l’institution dans ce désastre, même si elle a déjà beaucoup fait : les chiffres se sont heureusement effondrés depuis les années 80. Chaque prêtre pédophile est coupable d’actes d’une extrême gravité, mais le rôle de ceux qui ont couvert de tels faits depuis des décennies, plutôt que de chercher à remédier aux raisons qui en sont la cause, est tout aussi gravissime.

Reconsidérer la place des femmes et des laïcs

Que le mariage ne soit pas une solution à la pédophilie, certes ! Mais la règle du célibat masculin obligatoire, et sa culture de domination et de secret, n’ont-elles pas favorisé pour certains cette emprise perverse sur les enfants ? De plus comment croire toujours viable cette « place d’exception » exclusivement réservée à des hommes célibataires dans le cadre d’une anthropologie résolument engagée dans la recherche d’une autre manière de tenir la « place du père » dans la société ? Hommes et femmes y sont convoqués ensemble à inventer du neuf, sans prévalence en termes de pouvoir de l’un sur l’autre.

Une institution qui aurait eu le courage lors du Concile Vatican II de reconsidérer la place des femmes et des laïcs en son sein ne serait pas confrontée aujourd’hui à une telle dégradation de son image. Plusieurs manières de l’envisager ont alors été décrétées taboues, l’Église s’employant à les combattre contre l’avis d’une majorité de fidèles : beaucoup ont préféré la quitter. L’abandon des communautés de base, la possibilité d’ordonner des hommes mariés, toujours repoussée à plus tard, comme celle d’ordonner des femmes, définitivement exclue par Jean-Paul II, conduisent l’Église à une impasse. Dans ce contexte maintenu d’un cléricalisme étroit et de méfiance à l’égard des femmes et des laïcs, le profil rigide de beaucoup des rares candidats au sacerdoce aujourd’hui confirme ce repli stérile.

C’est l’affirmation même de l’altérité hommes-femmes au sein de l’Eglise, au delà du rappel de stéréotypes figés prétendant s’appuyer sur l’Écriture, qui serait gage d’une santé et d’un équilibre retrouvés. Alors, les vieux démons d’un cléricalisme clos sur lui-même, dénoncés par le pape François lui-même, seraient repoussés. L’Eglise pourrait reconnaître son immense responsabilité dans la détresse et le désarroi actuels de tant de vies.

Jean Lavoué, directeur général retraité d’une association de protection de l’enfance, éditeur

Yves Gaubert, le 1/9/2018

Je suis un très vieil homme, ceux qui me connaissent depuis longtemps pense que je suis en réalité un ours... peu importe…

J’ai été médecin d’abord hospitalier puis en clientèle privée ; longtemps et j’ai été 9 ans président du Secours Catholique départemental où j’ai ouvert un accueil médical pour les errants un peu avant celui de Monsieur Emmanuelli à Paris... Et mes liens de fraternelle amitié avec l’évêque du diocèse m’ont valu d’être mêlé à de nombreuses histoires du genre qui font l’actualité.
J’ai été au contact direct et professionnel avec plusieurs prêtres, 5 au total, pour ces sinistres et douloureuses affaires de pédophilie.
Dans les années 1970-1990 je n’ai jamais vu, à ma grande honte et plus encore à ma grande colère de dénonciations publiques de ces faits, pédophilie en particulier, et toujours de lâches et honteuses compromissions…

Si la hiérarchie ecclésiale continue de camoufler ces pratiques honteuses au nom de je ne sais quelle fraternité ecclésiale il ne faudra pas continuer de verser des larmes hypocrites sur cette baisse de la foi dans de nombreuses régions…. Pédophiles ou non, nos responsables doivent se poser la question de la formation, du suivi des prêtres et de la tolérance de tous ces actes.
Il s’agit en dehors de tout moralisme d’actes interdits, punissables par la loi et la hiérarchie ecclésiale n’est pas au-dessus de la loi.
J’ajouterai même que si la loi des hommes se relâchait, ce n’est pas une raison pour se cacher derrière la charité chrétienne.

Il y a plusieurs passages dans les Evangiles où les apôtres considéraient les enfants comme inutiles et gênants et Jésus, déjà les protégeait… Nos évêques n’ont pas compris la leçon et ils protègent les adultes promus au rang d’apôtres par leur hiérarchie…
Oui, je sais je suis un très vieil ours, peu au courant et dépassé… la charité avait pour but premier de s’exercer pour les petits,les sans logis, ceux qui piétinent dans le froid, l’insécurité au hasard de la mer… J’ai rencontré dans mon cabinet à la demande de leur hiérarchie ce genre de personnages et j’aimais mieux recevoir ces pauvres diables au hasard de leur route car ils avaient une pureté que les autres n’avaient pas...

Simonnet, le 1/9/2018

Dans le début de son article, Michel Jondot semble excuser les clercs fautifs : il faut du temps pour que l’Eglise s’ajuste à la société.
Mais qui est censé être la lumière du monde ? Qui s’auto-proclame experte en humanité ?
N’était-ce pas à l’Eglise-institution d’alerter la société civile sur les ravages de la pédophilie ?
Depuis plusieurs siècles, l’Eglise-institution s’oppose aux progrès de l’humanité. Elle en a combattu qu’elle admet maintenant : liberté, égalité, droits de l’homme, démocratie, utilisation de l’anesthésie, liberté de conscience, lutte contre la pédophilie. Elle en combat toujours d’autres : contraception, reconnaissance de l’homosexualité, divorce, remariage, place de la femme. Elle est à la traine. Comment l’expliquer sinon par son organisation cléricale ?
Heureusement, il y a l’Eglise-peuple de Dieu qui est actrice dans ces avancées. L’Esprit souffle où il veut.

Michel Jondot (en réponse à Simonnet), le 1/9/2018

Vous avez peut-être raison mais prenez-vous en aussi aux laïcs. En grand nombre ils ont su se mobiliser contre "Le mariage pour tous". Qui peut prendre l'initiative, dans l'Eglise, d'appeler à une grande manifestation pour exiger l'accueil des migrants qu'on laisse mourir dans la Méditerranée sinon les laïcs chrétiens? Le font-ils ? Qui laisse mourir les enfants qu'on écarte de nos frontières sans réagir ? Il s'agit pourtant d'une exigence évangélique élémentaire.

Ne mettons pas tout sur le dos de l'institution : des laïcs comme Emmanuel Mounier ont su lancer un appel à sortir des ornières de la scolastique ; Michelet et beaucoup d'autres résistants chrétiens ont risqué leur vie pour lutter contre le nazisme.

L’Institution mérite sans doute de graves reproches mais il y a un certain pharisaïsme et, disons-le - un néocléricalisme certain - à faire porter sur les seuls évêques le poids des responsabilités de tous.

Simonnet, le 3/9/2018

D’accord, ce sont les laïcs qui sont responsables des maux de l’humanité : colonialisme avec ses massacres et ses pillages, régimes oppresseurs, traite des noirs, guerres fratricides meurtrières, persécution des homosexuels, asservissement de la femme. (D’ailleurs, c’est cela qu’on appelle les racines chrétiennes de l’Europe).

Mais cela s’est fait et se fait sans la dénonciation de l’Eglise-institution, parfois avec sa complicité. Ce sont des laïcs qui ont commencés à imaginer et apporter des remèdes, parfois avec l’opposition de l’institution. J’appelle Eglise-institution ses clercs et sa hiérarchie, ses dogmes, sa théologie, son catéchisme, ses rites, et Eglise-peuple de Dieu, l’ensemble des chrétiens, laïcs et clercs. Ainsi, en citant le laïc Michelet vous abondez dans mon sens. Et pendant l’occupation, combien d’évêques ont dénoncé publiquement le statut des juifs ? Aucun. C’est quand les rafles ont commencé que quelques uns (moins de 10 je crois) l’ont fait.

A propos des migrants, c’est bien des laïcs qui portent la responsabilité de la situation. Mais si les évêques ont su appeler à manifester contre le mariage pour tous, pourquoi n’appellent-ils pas à manifester contre la politique migratoire ? Heureusement, le pape François est là pour montrer qu’une lumière peut venir de l’institution.

Michel Jondot, le 3/9/2018

Je suis bien d'accord avec vous ; avec d'ailleurs une grande tristesse. Il faudrait cependant ne pas oublier les François d'Assise, les Vincent de Paul, Bartoloméo de Las Casas, Jean XXIII, Dom Helder Camara, les Communautés de base en Amérique latine (jusqu'à l'arrivée de jean-Paul II !) et tant d'autres.

Est-il si sûr que ce soient les évêques qui ont pris l'initiative de manifester contre le Mariage pour tous ? Mais, c'est vrai, ils se sont empressés de rejoindre les manifestants et de les bénir. Toujours est-il que si des laïcs manifestaient pour les migrants, les évêques suivraient. Hélas :les catholiques sont très nombreux à avoir voté pour le Front-National lors des dernières élections.

Merci pour votre liberté de parole.

Simonnet, le 4/9/2018

"… les évêques suivraient". Finalement, nous nous rejoignons. Aux laïcs de décider et d’organiser, et aux clercs de suivre. Alors ce serait vraiment la fin d'un certain cléricalisme. Mais est-ce bien ce qu’on voit, ou même simplement la tendance, dans nos communautés paroissiales ?

Je ne mérite pas de remerciement, il m’est facile de parler anonymement. C’est vous qu’il faut remercier pour votre liberté de parole.

Julien, le 2/9/2018

Je comprends et partage la colère contre l'institution ecclésiale exprimée dans les commentaires mais je rejoins aussi le rappel de Michel Jondot : si la faute des évêques est indéniable, quid des laïcs ?

Ainsi je conseille d'écouter la rediffusion sur France Culture de l'interview du p. Pierre Vignon, auteur de la pétition demandant la démission de Mgr Barbarin - que j'ai signée pour ma part. Le p. Vignon détaille que c'est le "calme plat" du côté de ses confrères, mais qu'il y a beaucoup de réactions chez les laïcs, de soutien comme de haine, ces dernières le traitant, entre autres, de " Judas ".

C'est dire s'il y a bien des laïcs pour lesquels aussi la défense de l'institution prime sur celle des victimes. Que l'on soit d'accord ou non avec le principe de la pétition, elle a le mérite d'ouvrir le débat comme Dieu Maintenant n'a pas hésité à le faire. Mais combien de débats réels y'aura-t-il en paroisses ?

Parce qu'il ne faudrait pas oublier non plus que l'église catholique est à certains égards décentralisée. En effet, un certain nombre de décisions contrastées peuvent se prendre en paroisses. J'en citerai une qui me semble assez emblématique car elle concerne les enfants et l'égalité filles-garçons sur le rôle des servant(e)s d'autel. Ici se tisse la manière dont se forgent les représentations du sexe opposé dès le plus jeune âge. Dans ma paroisse, les filles réclament de participer elles aussi à ce service et je fulmine quand je constate que l'on tergiverse encore alors que dans d'autres paroisses du diocèse, il y a des servantes d'autel. En revanche, dans des paroisses conservatrices, la place des filles a été réduite à celles de bonniches, pardon, de "servantes d'assemblée" portant des petites capelines - aux garçons le privilège d'être au plus près de la célébration. Ce sexisme primaire est insupportable. J'entends même des arguments encore pires : la mixité de ce service pourrait détourner de la vocation les garçons qui s'y sentent appelés. Je vous laisse interpréter.

Or voilà ma conclusion sur cet exemple : ces situations contrastées au sein de paroisses d'un même diocèse reflètent clairement les mentalités des conseils paroissiaux. Le curé peut avoir certes son influence, mais les décisions sont en large part collégiales. Dans les communautés conservatrices, les parents sont sans doute ravis de voir leurs filles déguisées en petites bonniches, en bons défenseurs d'un tel système de valeurs. Et les évêques n'y sont ici pour rien. Plus encore, François conseille pour sa part d'avoir filles et garçons comme servant(e)s d'autel et a déjà donné l'exemple. Alors, sur ce sujet précis et sans doute comme sur d'autres, les réactionnaires ne sont pas ceux qu'on croit.

Yann Richard, le 2/9/2018

Merci Michel de cette présentation courageuse. Mgr Barbarin est coupable d’un laxisme dont nous sommes tous un peu complices quand nous nous taisons au lieu de crier notre désaccord dans nos paroisses. Notre Eglise est prompte à canoniser un pape populaire alors qu’il était le premier à avoir fermé les yeux sur les turpitudes de ses proches collaborateurs. Tous ceux qui ont clamé Subito en 2005 devraient s'interroger.

Je pense que pour en finir avec le cléricalisme, il faudrait aussi, sans doute, qu’on recommence, dans notre Eglise, à ordonner des hommes mariés, qui ont une vie conjugale comme les autres… et des enfants. Au lieu de les considérer comme des gens « à part », on s’habituerait à voir en eux des hommes soumis aux lois communes, dont ont pourrait dénoncer les crimes s’ils en commettent.

Lutter contre le sens hiérarchique… et introduire dans l’Eglise un minimum de fraternité, quel programme pour nos évêques, quand on y pense. Les synodes devraient permettre aux fidèles de s’exprimer, d’interpeller. Mais ils sont souvent verrouillés. Nous sommes du reste en contradiction avec nous-mêmes quand nous attendons trop d’une réforme en profondeur du Vatican alors que la réforme commence d’abord avec chacun de nous, dans nos communautés. Michel rappelle les révolutions éthiques du 20e siècle. L’avènement des femmes dans l’Eglise est encore bien timide, on ne les laisse pas actuellement accéder au diaconat… Où sommes-nous? D’autres Eglises osent ordonner des femmes, y arriverons-nous aussi un jour dans l’Eglise catholique?

Nicole R., le 14/9/2018

Quelle rentrée !
Je suis avec grand intérêt les débats de ce que Christine appelle "Un tsunami dans l’Eglise"
Sur le terrain dans le cadre du Secours Catholique j’ai aussi à affronter la tempête.
La reprise en mains de cette Association par l’Eglise nous a plongés dans les mêmes travers de fonctionnement que ceux d'un diocèse, et la rentrée est difficile.
Les responsables du Bureau du Val d’Oise fonctionnant comme l’évêque en son diocèse. La relation avec les bénévoles fonctionne copié collé comme le décrit Michel entre Evêque et prêtres !
Notre équipe est secouée. Trop inventive, et pas assez soumise au pouvoir de ceux qui élaborent le Projet de Délégation.
Encore et encore le même combat.
Merci pour vos derniers articles qui me soutiennent dans cette tempête.
Courage.

Julien le 8/11/2018

Le père Vignon qui a lancé la pétition demandant la démission de Mgr Barbarin vient d'être limogé de ses fonctions de juge ecclésiastique par son diocèse, celui de Lyon. Il n'y a pas besoin de longues explications pour comprendre l'origine de cette basse vengeance et le signal menaçant envoyé ainsi aux membres du clergé qui oseraient une parole libre !

J'ai signé la pétition de protestation en sa faveur, lancé par François Devaux de l'association "La Parole Libérée" et victime dans son enfance du père Preynat, tout en sachant qu'elle ne fera rien changer chez ceux qui "ont oreilles pour entendre mais qui n'écoutent pas". Il s'agissait pour moi d'apporter mon soutien de baptisé comme de citoyen au courage du père Vignon.

Qu'on soit d'accord ou non avec le principe de sa pétition, comme il en a été question sur votre site cet été, est une chose. Mais cette action avait le mérite de vouloir sortir de la détestable "tradition" de l'omerta sur ces affaires très graves.

Par ailleurs, j'apprends que la CEF souhaite mettre en place une commission indépendante sur la pédophilie. Je ne connais pas les arcanes de l'Eglise pour savoir si la CEF avait la possibilité d'intervenir sur le diocèse de Lyon pour éviter ou au contraire inciter à la sanction du père Vignon. Et à vrai dire cela ne m'intéresse guère. Je relève juste que la concomitance des deux évènements est absolument désastreuse à mes yeux, et sans doute à de nombreux autres, et ruine toute confiance dans la possibilité d'une réelle indépendance de cette commission. Comme aurait dit un homme politique célèbre pour ses petites phrases : "Ils ont touché le fond et maintenant ils creusent".

Enfin, je regrette que le Sénat ait retoqué la proposition de mise en place d'une commission d'enquête parlementaire sur les affaires de pédophilie dans l'Eglise. Celle-ci est une organisation humaine : elle ne peut se soustraire à la justice des Hommes. Nous, chrétiens, sommes envoyés dans le monde et comme Français, notre premier cercle du monde c'est la société française. Nous sommes croyants et citoyens. Aussi je crois que la mise en place de cette commission d'enquête aurait été bénéfique pour tous.

Donc en attendant, il devient de plus en plus compliqué de témoigner de sa foi et de son appartenance à l'église catholique sans s'entendre rétorquer dans la foulée que nous soutenons une organisation pédo-criminelle. Merci la hiérarchie de nous mettre dans de si beaux draps, et de faire autant de tort à l’Évangile dont nous avons la mission de témoigner en fraternité.