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Michel J., le 22/7/2015

L'Église saura-elle nous dire, à propos de cette situation, ce qui fait qu'une vie est humaine. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture. Est-il encore en humanité celui qui ne perçoit pas l'affection qu'on lui porte ? Est-il encore de ce monde celui dont on sait qu'il ne pourra jamais plus aimer ? Les réflexions du Cardinal me semblent matérialistes.

Marie-Gabrielle Guérard, le 22/7/2015

Tout aussi matérialiste la réaction de Christine Fontaine…
Oui, Vincent Lambert est en vie, non il ne « récupérera » jamais ce qui nous paraît être l’essence de la vie humaine : conscience, parole, pensée discursive…
Le problème est d’abord, et peut-être uniquement, celui d’une famille qui se déchire à propos de convictions religieuses et philosophiques sur le dos de celui qui n’en peut mais.
Les tribunaux donnent raison au collège des médecins qui ont pris soin du patient.
Cela ne suffit pas à apaiser le conflit familial. Faut-il maintenant faire intervenir des spécialistes en conflits familiaux ?
Toutes les autorités du monde ne changeront rien. Chacun peut y aller de son laïus, de ses arguments et convictions. Cela sert juste à envenimer et brouiller un peu plus un débat qui l’est déjà passablement. N’en déplaise à Barbarin et aux huit autres évêques.
C’est dans la famille qu’il faut trouver un apaisement. Pour la paix même du patient. qui mérite toujours tout le respect du monde.
Que les parents et l’épouse cessent de se déchirer est la seule solution ; n’est-ce pas envisageable au bout du compte ?

Christine Fontaine, le 22/7/2015

@ Marie-Gabrielle
Je ne vois pas bien en quoi ma réaction est matérialiste. Bien sûr une vie humaine n'a pas de prix.
Je comprends que des croyants puissent avoir des paroles ou des comportements différents - voire opposés - à ceux de la société civile. Mais je pense qu'ils ont alors à en supporter eux-mêmes le coût.

Georges F., le 22/7/2015

On ne peut pas partir d'une pétition de principe - aussi élevée fut-elle - pour s'opposer à l'arrêt de soins qui ne sont en l'occurrence non pas fait pour soulager Vincent Lambert, mais bien pour le confort spirituel de sa famille.
Ce pseudo respect de la vie humaine conduit à une inhumanité envers lui qui me blesse en tant qu'homme.

Bernard et Françoise D., le 22/7/2015

Merci beaucoup Christine pour ta réaction face à notre cher Cardinal bien dans la ligne du mariage pour tous. Tu nous rassures. Notre hiérarchie a bien d’autres priorités. Fraternellement

Michel Poirier, le 22/7/2015

Selon le cardinal Barbarin " la vie humaine doit être protégée du début à la fin ". Dans cette affaire, comme d'ailleurs dans les débats sur l'avortement, les abstractions ne m'intéressent pas. Ce qui est important ce n'est pas " la vie ", ce sont les personnes humaines réellement vivantes, et la qualité de ce qu'elles vivent - ou ne vivent pas vraiment. Et là-dessus je suis pleinement d'accord avec la contribution de Michel J.
Une suggestion à Christine : qu'elle intègre dans son article un lien conduisant au texte du cardinal. Car il est bon que nos lecteurs fondent leur opinion personnelle sur la connaissance de toutes les pièces du débat. On ne peut se contenter de citations.

Christine Fontaine, le 22/7/2015

@Michel Poirier
J'avais entendu Mgr Barbarin à la radio. Recherches faites il ne s'agit pas seulement de lui mais de 8 évêques. On trouve l'information sur le journal "La Croix" en suivant ce lien :
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Les-eveques-de-Rhone-Alpes-appellent-a-maintenir-en-vie-Vincent-Lambert-2015-07-21-1336814

Jean-Pierre Bacqué, le 22/7/2015

J'avoue avoir été très choqué ce matin en découvrant dans la Croix la prise de position des évèques de Rhone Alpe. Que connaissent-ils de l'état physique et psychique de cette personne ? Et comme le dit si bien Michel, " Qu'est-ce que la vie ? "

Docteur Claudine Onfray, le 22/7/2015

Comme médecin connaissant bien le sujet je peux dire qu’il est évident que nous sommes dans une obstination déraisonnable. Cela n’a été possible que grâce à l’appui de puissances idéologiques.
Si vous aviez lu le livre du Dr Kariger chef de service des soins palliatifs depuis longtemps : " ma vérité sur l’affaire Vincent Lambert " , chez Bayard, vous auriez appris que lui et l’épouse de Vincent Lambert ont fait l’impossible pour le tirer de là. Que ce médecin catholique plutôt classique a essayé par tous les moyens de trouver une parole commune avec la mère de Vincent depuis des années sans aucun succès.
C’est triste mais c’est ainsi pour diverses raisons cette femme persiste dans irresponsable détruisant sa famille et manipulée par l’argent des pro-vie.
Vincent est l’otage d’idéologues qui ne subissent pour l’instant aucun dommage personnel à cet acharnement.
juste un conseil désignez une personne de confiance et mettez par écrit vos directives anticipées.

Maurice, le 23/7/2015

Chers amis, Merci pour l'article de Christine au sujet de Mgr. Barbarin et Vincent Lambert, que je partage.
Pour ma part je voulais simplement écrire à Mgr. Barbarin : " Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer, contre l'avis des praticiens que " Vincent Lambert est vivant " ? Qu'en savez-vous à distance ? Est-ce l'Esprit Saint qui vous l'a soufflé ?

Philippe Simond - Côte, le 23/7/2015

Merci Christine pour ta réaction aux propos de Mgr Barbarin. Oui la question d'argent ne peut pas ne pas être prise en compte. Pour ma part ce qui me fait réagir fortement cest le propos poncif : il a la vérité ce Mgr.
Quel manque d'humilité. Quel mépris de ces soignants qui manqueraient d'éthique. Quelle absence de confiance en ces praticiens, ces cliniciens au chevet de Vincent... qu'il ne connaît pas ! Il y a d'autres atteintes à la vie ou il serait bon qu'il soit moins timide... l'accueil des migrants par exemple... Décidément il m'insupporte tant il donne le visage d'une eglise qui n'est pas mienne et qui fait fuir... A+.Amitiés.

Jean-Claude Bée, le 23/7/2015

Comment ne pas penser que la prise de position de Mgr Barbarin n'est pas idéologique ? Défendre des principes sans tenir compte des réalités concrètes. Si on veut aimer Vincent Lambert, comment le laisser dans la vie souffrante à n'en plus finir... ? Et les côuts pour la société doivent être considérés aussi... D'ailleurs, dans notre tradition chrétienne, l'idée d'une vie après la mort physique ne relativise-t-elle pas la vie physique elle-même ?

Annie Triomphe-Hollier, le 23/7/2015

Tous les jours, dans les centres de réanimation, des choix sont faits avec un grand discernement, pour arrêter des opérations médicales de survie de patients victimes d'un accident. Pourquoi Vincent Lambert, plus qu'un enfant très prématuré, qu'un vieillard en état végétatif, aurait-il le droit d'absorber des ressources collectives ?

Oui, Christine Fontaine a raison, le système de santé a un coût que l'on ne doit pas oublier. Bien des personnes ne se soignent pas faute de pouvoir payer les frais médicaux qu'une prise en charge engendrerait. N'est-ce-pas luxueux de maintenir en réanimation artificielle un malade dont la vie coûte plus de 10 000 euros par jour depuis des années ? Nous avons un merveilleux système de santé, envié par de très nombreux pays y compris les Etats Unis dont les citoyens sans assurance représentent le tiers de la population ! Même les diabétiques américains sans assurance ne peuvent se soigner.

A Lyon, on sait tout cela ; alors stop, au nom de la foi et du respect de la vie de milliers d'autres malades aujourd'hui sans soins.

Danièle AP, le 23/7/2015

Est-il vraiment en vie !!
Si vivre c’est communiquer, se réjouir de tout ce qui nous entoure, de partager, d’éprouver, alors sans doute que la vie de cet homme n’est pas la Vie qui nous est donnée en abondance !!
Et j’aurais envie de reprendre une phrase bien connue de tous ceux et celles qui se revendique de Jésus Christ :
« Que celui qui n'a jamais péché jette la première pierre ! » et proposer
« Que celui ou celle qui n’a jamais redouté cet état pour lui-même laisse à ce jeune homme ce corps vivre !! »
Est-ce que Philippe Barbarin aspirerait-il pour lui-même un tel état ?
Vraiment j’ai parfois le sentiment de ne plus rien comprendre de cette Eglise !! Comment peut-on ne plus voir le message qui nous a été donné par le Christ… Sommes nous à ce point devenu aveugle !!

Jean-Pierre, le 23/7/2015

Bonjour,
Je suis aussi choqué par cette prise de position de ces 8 évêques !
Je partages, partiellement, l’avis de Christine sur la contribution financière de ceux qui souhaitent défendre ce maintien de soins. Quand je dis partiellement, c’est parce que je songe à tous ces humains privés de soins faute de moyens. La vie de Vincent est-elle prioritaire sur la leur?
D’autre part, il me semble qu’il serait nécessaire d’approfondir la notion même de “vie“, en abordant différents domaines scientifiques, philosophiques, sociologiques et théologiques.
Pour ma part, je crois que “la vie“ ne peut se concevoir que dans la relation aux autres, et que l’amour conduit à l’éternité. (Ceux que l’on aime reste vivants dans notre cœur, une forme de “communion des saints“.)
Mais je dois aussi dire que pour moi-même, je demande que l’on évite tout acharnement thérapeutique.
Enfin, il me semble préférable d’écouter et d’approfondir “LAUDATE SI’ de notre évêque de ROME qui me semble davantage défendre la vie.
Fraternellement

Marie-Reine M., le 23/7/2015

J'avoue que j'ai été surprise, Christine, par ton argumentation, essentiellement d'ordre financier, bien qu'elle soit réaliste et fondée.

L'acharnement de ses parents pour refuser la mort de Vincent Lambert me semble dramatique : jusqu'où peut aller notre refus de la condition mortelle et la torture que l'on peut faire subir à ce titre à quelqu'un, en prétendant que c'est par amour ? Il y en a d'autres, des chefs d'états par exemple, que l'on a maintenu ainsi en vie végétative pendant des mois pour des motifs de pouvoir politique !

En revanche, il y a un questionnement abyssal qui m'habite et me torture, face à ces personnes qui sont privées de relations avec les autres parce que les cellules de leur cerveau sont gravement atteintes. Pour certains de ceux que j'aime, pour moi-même, il me semble que je n'aimerais survivre si longtemps, en souffrant d'être si perdue, si désorientée, ne comprenant plus rien... qu'elles sont comme torturées. Mais si on va par là, les limites de ce que les "bien-portants" pourront supporter ne vont cesser de baisser.

Bien que ces personnes ne soient pas maintenues en vie artificiellement, pour le moment on continue à leur assurer des soins et la collectivité les prend en charge financièrement au titre de la solidarité. Demain, l'argument financier sera mis en avant : que leur famille s'en occupe ou qu'elle paie elle-même ; idem pour les personnes gravement handicapées que les parents ont laissé naître en sachant que des soins et de l'aide coûteuse serait nécessaires. Quand je voyais passer le montant des remboursements directs pour la chimio d'un de mes proches, j'étais effarée et bénissais le ciel d'habiter un pays où existe encore l'assurance maladie obligatoire. Certains de mes propres enfants pensent qu'il faut en finir avec l'assurance maladie obligatoire. Ils sont jeunes, pas encore malade, gagnent suffisamment leur vie pour imaginer qu'ils pourront payer leurs soins de santé le jour où ce sera nécessaire et ne croient plus au régime de solidarité.

Pendant ce temps-là, dans d'autres pays, des gens meurent comme des mouches, faute d'un élémentaire vaccin ou du fait de la malnutrition. Et chez nous, nous ne savons comment payer encore plus cher nos joueurs de football, nos vedettes de ceci ou cela, ou les intérêts du remboursement de la dette publique (2ème budget après l'éducation nationale selon ce que me dit un ami) !

Je ne rends pas le débat plus simple puisque je mélange des considérations affectives - qui vont de l'acharnement pour maintenir artificiellement quelqu'un en vie par refus de la mort à l'euthanasie (tuer quelqu'un pour qu'il n'ait pas à souffrir de mourir de mort naturelle) - aux questions de finances, de justice, de solidarité (entre proches par les liens du sang ou de l'amitié, membres d'un même pays, d'un même continent, d'un même monde ?).

Heureux celui que quelqu'un aime et qui peut se livrer en confiance à sa compassion.

Michel J., le 23/7/2015

Bien sûr, l’histoire de Vincent Lambert est folle et le langage du Cardinal est d’une sottise qu’il convient de dénoncer. Jésus est loin de ce discours !
Il n’empêche que la situation de Vincent est symbolique. Elle rend visible le passage de ce monde à son « autre » : le néant pour les incroyants, et pour les chrétiens l’autre du monde que Jésus appelait Royaume.
Passage. Ce mot tisse nos existences et nous lie les uns aux autres. Passage que tisse l’amour en nous tournant les uns vers les autres.
La situation de Vincent Lambert donne chair au mystère de Jésus au moment où il passait de ce monde à son Père, comme le dit Saint Jean.

Un ami médecin, spécialiste des soins palliatifs, le 23/7/2015

Tu as pris une position courageuse, Christine. Je défends moi-même de temps en temps ce genre d’arguments : mettre fin à des soins qui n’ont plus de sens et qui en plus sont couteux pour répartir les (rares) ressources vers d’autres qui en profiteraient plus.
Je me heurte souvent à l’incompréhension et j’ai même pu déclencher des réponses d’une certaine violence. Il faut avoir conscience que ton texte peut provoquer des réactions identiques. C’est pas grave ! Je sais parfaitement dans quel esprit tu l’as rédigé. Je te soutiens sans réserve.

Claude Bernard, le 23/7/2015

Un grand merci à Christine Fontaine pour sa réponse à Barbarin ! Récemment, avec des amis à La Baule, nous disions la même chose, y compris dans la prise en charge financière par les inconditionnels du maintien de la vie chez Vincent Lambert.

Françoise B., médecin, le 23/7/2015

Christine,
Je n'ai qu'un mot qui me vient à la lecture de ton article: BRAVO !!!
Bravo pour ton coup de gueule.
Bravo pour ton courage dans cet écrit qui ne va pas t'attirer que des amis...
Combien de lâches voyons-nous régulièrement autour de nous ? Ou de personnes qui, sous prétexte de leur statut social, politique ou religieux, donnent un avis tranché, alors qu ils ne connaissent rien de la réalité, du concret sur le terrain.

Jacqueline D., le 23/7/2015

J’aimerais te faire part des deux réactions que j’ai eues à la lecture de ton article.

D’une part, les prises de position de Mgr Barbarin et des évêques de sa région apostolique ne sont pas les seules réactions de la hiérarchie. Elles tranchent avec celle plus réservée de Mgr Pierre d’Ornellas, chargé des questions bioéthiques pour la Conférence des évêques de France. « Il y a un vrai débat, affirmait-il le 12 juin dans les colonnes de La Croix : douze juges de la CEDH estiment que l’on peut connaître sa volonté, d’après les propos de sa femme et d’autres proches. Mais cinq autres magistrats affirment que dans une telle situation, il est impossible de la conjecturer, et que devant l’enjeu de la décision à prendre il faut connaître cette volonté de façon certaine. » L’archevêque de Rennes affirmait encore laisser aux médecins leur responsabilité éthique : « Ne connaissant pas le dossier médical, je fais confiance au chef de service et aux trois médecins qui, après un minutieux examen de Vincent Lambert, ont remis leur rapport au Conseil d’État. »

Par ailleurs, tu écris : " Alors que tous les tribunaux ont approuvé l'arrêt des soins pour Vincent Lambert, il me semblerait juste que ceux qui n'approuvent pas ce choix payent désormais le coût de son hospitalisation. " Comme tu as donné le témoignage concernant ton ami et les autres malades, tu donnes l'impression que compte tenu des restrictions budgétaires, tu trouves normal de choisir de cesser les soins, à moins de pouvoir y contribuer financièrement. Ce qui reviendrait à dire que seuls ceux qui en ont les moyens financiers pourraient payer les fortes sommes que coûtent des soins palliatifs prolongés.

Christine Fontaine, le 23/7/2015

@Jacqueline
Non je ne prêche pas pour un système de santé à l’américaine où seuls les riches ont les moyens de se faire soigner. Bien au contraire. Je demande à Mgr Barbarin et aux évêques qui le suivent d’avoir une parole qui ne tombe pas du ciel comme une vérité absolue qu’ils auraient la charge de défendre contre vents et marées. Je lui demande d’avoir une parole incarnée dans l’histoire concrète de notre société en l’occurrence française et européenne.

Qui aujourd’hui dans notre société remet en cause que la vie humaine – en l’occurrence celle de Vincent Lambert – est sans prix, par-delà toute valeur marchande ? Qui cherche à abréger les jours de Vincent par un non-respect de la vie ? Les médecins ou le personnel médical qui l’entourent depuis 8 ans ? Les juges qui ont tranché ? L’opinion publique ? Les politiques qui ont mis en place au fil des ans un système de santé que le monde entier envie ? Non personne. Si c’est pour affirmer que la vie humaine est une « valeur » qui dépasse toute valeur, Mgr Barbarin prêche à des convaincus.

En fait, en soutenant contre les médecins, contre les juges et contre une partie de la famille, qu’il faut continuer l’assistance médicale pour Vincent Lambert, le Cardinal donne raison à la mère de Vincent. Elle serait la seule à défendre la vie, seule « pro vie ». En réalité, il défend non une vie humaine concrète mais un principe absolu. Il aurait pour mission de le maintenir contre vents et marées. Il est arrivé à Jésus de rencontrer une femme avec son fils défunt. Il ne s’est pas référé à un principe abstrait ; il a pleuré avec la mère et rendu la vie au fils. Qui peut rendre la vie à Vincent ? Reste la maman qu’il faut entourer de sympathie plutôt que de l’enfermer dans un rêve désespéré ! Préférons l’Evangile à une morale dogmatique, mal ajustée à la situation présente.

Je me permets d’inviter Mgr Barbarin à un certain réalisme et à considérer les conséquences de sa prise de position. Je lui dis que si la vie humaine est pour tout le monde sans prix, elle a néanmoins un coût pour la société. Seuls les très riches disent que l’argent ne compte pas parce qu’ils peuvent vivre sans compter. Défendre à tout prix la survie de Vincent, contre l’avis des médecins des juges et de la famille, a un coût. S’il veut le faire, il me semblerait juste qu’il en supporte le poids. Sinon, sous prétexte de défendre une vie humaine, il participerait à une injustice : il priverait les malades du pays, qui n’ont à leur disposition que des hôpitaux démunis en ces temps de crise, des soins nécessaires à leur vie.

Dans le cas de Vincent Lambert, tout le monde cherche à savoir quelle aurait été sa volonté s’il pouvait communiquer. Mais personne ne le saura jamais étant donné son état. Reste alors ce sens du partage des soins dus à chacun, ce coût partagé le plus équitablement entre tous. Pour ma part, j’aurais désiré que la hiérarchie soit unanime pour aller dans ce sens.

Alice D-G, le 23/7/2015

Bravo à Christine pour sa réponse au Cardinal ! Et je pense qu'il exprime la pensée d'un grand nombre de personnes de notre hiérarchie, hélas. Mais j'avoue que mettre en 1ère ligne, l'aspect financier, cela surprend ! Mais il est très convainquant! Merci. Merci à aussi à Claudine de nous inviter à écrire nos directives anticipées. Mais j'avoue, cela n'est pas simple. J'ai écrit un 1èr texte mais difficile de savoir ce qu'on doit écrire réellement pour que le message soit clair et astreignant pour les médecins... Est-il possible de dire : je veux ou je ne veux pas lorsqu'on ne connaît pas les conséquences de notre choix ! Peut-on dire " je ne veux pas être opérée du cœur ? Est-on capable en ne m'opérant pas de m'empêcher de souffrir ? " Etc...

Marie-Reine M., le 23/7/2015

Les nombreux commentaires montrent combien le sujet est sensible et important pour nous.
Je me réjouis, Christine, que la réponse que tu as été conduite à faire à Jacqueline ait permis que tu précises et affines ton propos. C'est précieux.

Permettez-moi de mettre en doute une confiance trop grande en nous-mêmes, en nos idéologies et nos fameuses "directives anticipées". Ce que nous déclarons aujourd'hui, confrontés à des souffrances que nous imaginons sans les vivre, peut être fort éloigné de ce que nous désirerons réellement le jour où nos forces auront décliné. Je crois qu'il nous faut consentir à nous en remettre à d'autres, que nous souhaitons respectueux et aimants, lorsque nous ne serons plus en capacité de décider pour nous-mêmes de ce qui est bon pour nous. Nous pouvons, bien sûr, donner des orientations et désigner une personne de confiance, à ce jour... mais qu'en sera-t-il quand les questions se poseront ? La réalité n'est jamais ce que nous avions imaginé.

Michèle S., médecin, le 24/7/2015

Merci Christine pour ce point de vue... vigoureux et bienfaisant ! Barbarin a mis du temps à être au top de la médiatisation cette fois, contrairement à son habitude ! Mais ca y est, il doit être ravi... Je ne vois pas comment on sortira de façon paisible de ce film qui n'en finit pas de... finir.
Des patients comme celui-ci, tous les jours, des médecins en voient, en accompagnent, et décident en conscience de les laisser mourir ; et c'est être humain, profondément humain que de les laisser mourir, tout en agissant pour que ce passage se fasse... sans angoisse et douleur ajoutées...
Moi, c'est vraiment sur la grandeur de la conscience humaine, qui peut être éclairée, qui peut être enrichie par d'autres, qui peut prendre des decisions, que je me battrai plus que sur le coût, même si celui-ci entre aussi en ligne de compte.

Elisabeth et Joël C., le 24/7/2015

BRAVO et MERCI à Christine pour sa réponse à Mgr Barbarin. Cette histoire devient complètement démente...
Bien amicalement.

Nicodème, le 24/7/2015

Un membre de l'équipe animatrice nous communique cette page sur laquelle sont récapitulés les événements de la journée du 23 juillet au cours de laquelle devait être prise la décision d'arrêter ou non l'assistance médicale à Vincent Lambert : rachel-lambert-je-pensais-que-vincent-pouvait-enfin-etre-respecte

Yves Gaubert, ancien chef de service dans un hôpital, le 24/7/2015

Très chère Christine
Certes je comprends vos réactions à tous mais, et pour avoir vécu dans mon service des cas voisins, comprenez-vous que notre profession de médecin, de chef de service hospitalier est de soigner, de prolonger la vie, l’espérance et celle de l’entourage qui est fondée sur l’amour d’une mère, d’un père, d’une femme… J’ai dû, dans un cas très précis et à la demande de l’épouse et de la mère, accomplir en tant que chef de service, un tel acte… Je me suis juré que je ne le ferai plus jamais même si mon acte n’avait rien d’illégal et correspondait au souhait (?) de la famille. Souhaiter, vouloir que les autres agissent, c’est facile… Agir, c’est autre chose et ne crois pas que je sois un fan d’un cardinal. Des infirmières, des médecins l’ont fait… je ne suis pas sûr qu’ils croyaient en leur mission et je me suis souvent demandé si un juge, aux U.S.A. ou ailleurs, qui décrétait la peine de mort serait capable de l’exécuter.
Décider de tuer ou de laisser mourir, la différence est mince...si elle existe.
Fraternellement à toi.

Michel Jondot, le 24/7/2015

@Yves Gaubert
Cher Yves Gaubert, je ne vous connais pas, mais je sais quel crédit vous avez auprès des lecteurs de Dieu maintenant. Aussi, ai-je écouté avec respect et attention vos remarques.

Je comprends tout-à-fait la répugnance que vous éprouvez devant un acte qui abrège la vie. Toute lamentable que soit une agonie, elle est quand même don de Dieu. Bernanos disait : " Elle est quand même rachetée au Vendredi Saint" ! Comment ne pas respecter le combat de la dernière limite qui, au regard du chrétien, est une " entrée dans la sainte agonie " (Bernanos), celle du Christ en qui nous croyons.

Mais il me semble que le cas de Vincent Lambert est un cas limite. Qu'est-ce qu'une vie humaine ? La technique des médecins peut prolonger une vie végétative mais, dans le cas de Lambert, peut-on vraiment parler de vie humaine? La morale chrétienne devrait s'interroger : qu'est-ce qui permet de reconnaître qu'on est encore en humanité ? N'est- ce pas l'entrée dans les relations où l'on peut faire entendre ou s'entendre dire :je t'aime. Il semble bien que Vincent soit sorti définitivement du langage... La société s'interroge et ses questions sont belles.

J'aurais tendance à comparer cette situation à un autre cas limite. Il faut refuser le suicide, bien sûr. Mais peut-on condamner le militant qui soumis à la torture, quitte la vie pour sauver celle de ses compagnons ?
Toujours est-il que ce passage d'un monde à un autre nous donne à méditer.

Christine Fontaine, le 24/7/2015

@Yves Gaubert
Je partage totalement ce qu'a écrit Michel. Je précise simplement que mon article portait uniquement sur Vincent Lambert qui est, à mon avis, un "cas" limite. Par ailleurs nous avons amorcé une réflexion sur l'euthanasie, les soins palliatifs, les directives anticipées, etc. sur le site "Dieu maintenant". On peut trouver plusieurs articles dans la rubrique
"Questions d'aujourd'hui / Santé, handicap, fin de vie". L'équipe animatrice est au travail sur ce très grave sujet de société. Nous n'avons pas encore mis en ligne les réflexions des membres de l'équipe tant il est difficile d'exprimer clairement leurs points de vue sur ces situations si difficiles de fin de vie.

Marie-Camille W., le 24/7/2015

La fin de vie liée aux dépenses qui y sont afférentes est un problème délicat à prendre en compte ; je suis d'accord avec Christine Fontaine ; mais la logique de cette position peut nous amener à devoir envisager des solutions d'arrêt de soins inappropriées... J'ai toujours pensé que l'on ne pouvait pas légiférer sur ces questions, trop délicates, et à prendre, à mon humble avis, au cas par cas. Mais, dans l'avenir, le moment viendra peut-être où il sera impossible de ne pas le faire, et il y aura alors le risque de situations mal jugées, mal comprises ; et les responsabilités seront très lourdes pour les soignants !

Hubert Faes, ancien doyen de la faculté de philosophie de l'institut catholique de Paris et président de l'association Alethe (Association Libre d'Etudes Théologiques), le 24/7/2015

Merci à C. Fontaine pour sa réaction très pertinente aux propos du Cardinal Barbarin et pour les précisions qu'elle a données par la suite. On est vraiment désolé de voir que certains des hauts responsables de l'Église de France manquent, non pas de foi sans doute, mais de réflexion. Ce Cardinal ne défend pas la vie humaine mais la vie tout court. Il fait du respect de la vie un principe absolu et l'avantage de faire d'un principe un absolu c'est qu'il nous dispense alors de réfléchir et de faire attention aux situations. Nous n'attendons pas de l'Église qu'elle campe dans la position de celui qui rappelle les principes et encore moins du défenseur de principes absolus mais qu'elle accompagne et encourage les hommes dans les difficultés qu'ils rencontrent.

Yves Gaubert, le 27/7/2015

Permettez moi d’ajouter ce petit mot à mon premier commentaire :
1) Face à un malade, atteint d’une affection incurable et pour qui tout traitement, hormis celui de la souffrance est inutile, je crois que l’arrêt de ce traitement est nécéssaire car, bien souvent, il entraîne un surcroît de souffrance pour le malade, conscient ou pas.
2)Arrêter tout traitement l’aidant à respirer, à avoir des fonctions physiologiques aussi bonnes que possible, c’est le condamner à mort et en tant que chef de service, être l’exécuteur.
3) Qui suis-je pour décider que ce malade n’a plus droit à la vie et pour exécuter la sentence de mort ?
4)Que sais-je de ce que demain la médecine pourra faire qu’elle ne sait pas encore faire aujourd’hui ?

Claudine F., le 27/7/2015

@Yves Gaubert
Entre des évêques qui savent et prescrivent et des médecins qui eux aussi prescrivent et savent, nous le bas peuple n'avons plus rien à dire mais simpement à nous incliner. Heureux ceux qui cherchent ensemble sans prétendre connaître à eux tout seuls la vérité et l'acte à poser ! L'expérience du Docteur Gaubert est un point de vue particulier sur la situation. Il ne peut faire loi pour tous. La loi ne peut venir qu'au terme de réflexions entre des sujets aux expérience différentes.
Quant à dire qu'on ne sait pas ce que la médecine pourra faire demain, c'est cet argument qui pousse des hommes à demander la chriogénisation de leur corps après leur mort dans l'espoir que demain la médecine leur permettra de "ressusciter". On est bien obligé de juger en fonction de ce qu'on connaît aujourd'hui à moins de sombrer dans l'imaginaire.
Apprenons à vivre ensemble, c'est-à-dire à mourir dignement et simplement dans le respect mutuel les uns des autres.

Geneviève Poitou, le 28/7/2015

Je répondrai à Mgr Barbarin et aux parents de cet homme. La phrase très simple : " tu quitteras ton père et ta mère "... Jésus est parti très tôt sur les routes vers son destin. Vincent Lambert a quitté père et mère pour vivre sa vie, se marier, et suivre sa voie. Il ne leur appartient pas.

Nous avons tous une expérience de fin de vie de proches, très proches... Certains dans la dignité et avec des accompagnements remarquables, d'autres dans la misère affective ou d'accompagnement hospitalier très pénibles. Ce sont des moments qui nous marquent pour le restant de notre vie. Hélas, nous finirons tous nos vie, non dans notre lit, chez nous, mais à l'hôpital ou dans une maison de soin et peut-être dans les conditions misérables et malheureuses que Christine a constatées.

Dans mon agenda, j'ai mis un mot demandant de me laisser partir dans la dignité, si accident. C'est important de le signifier formellement.

Robert H., le 28/7/2015

Au-delà de cette délicate affaire pour laquelle je n’ai pas de réponse tranchée, je voudrais apporter la réflexion suivante.
Pour Mr Lambert est posé la question de la relation de l’argent à la vie. Pour ma part, la question est bien plus vaste et profonde qu’on ne l’imagine.
Il se fait que le corps malade de l’homme est devenu un facteur de richesse économique. Imaginez-vous que, subitement, tout le monde soit en bonne santé : l’économie mondiale s’effondre ! La santé s’est à ce point pervertie qu’elle a laissé « rentrer » l’argent dans le corps sacré de l’homme. Rien d’étonnant à ce que pratiquement toutes les maladies augmentent et chez des sujets de plus en plus jeunes, que les polypathologies s’accroissent, que l’espérance en bonne santé diminue et que même l’espérance de vie tout court diminue aux USA.
Non, vraiment, pour moi, l’affaire Lambert n’est qu’une toute petite feuille qui s’agite au grès du vent ; alors que tout ce qui s’infiltre dans les racines est bien plus cruel qu’on ne l’imagine.
J’entends des personnes dire qu’elles gagnent bien leur vie ; gagner suffisamment d’argent s’entend. Je n’ai jamais osé leur dire : faites attention de ne perdre votre mort, tant cette relation est difficile à entendre. Mais en laissant l’argent rentrer dans notre corps, c’est bien ce que nous avons fait : nous avons perdu notre mort.
Enfin, je me méfie de tous ces « spécialistes des autres » qui pensent à la Place de Mr Lambert : il n’aurait pas aimé les conditions de cette vie-là, la vie après la mort relativise la vie physique, l’irresponsabilité des soignants… Ce sont en général ces spécialistes des autres qui ne savent rien sur eux-mêmes.
Evidemment, personne n’est obligé de me croire.

Monique C., le 30/7/2015

Merci Christine pour cette vigoureuse prise de position. Il est évident qu’elle peut heurter si on l’entend au premier degré, mais elle replace la situation dans un contexte plus large, celui de l’accès aux soins. Lorsque j’assurais des formations d’initiation aux soins palliatifs, j’abordais cette question des ressources qui ne sont pas illimitées : dans un budget contraint, quel patient aura droit à quel traitement ? Selon quels critères ? Je choquais, mais c’était volontaire. Et pour interpeller d’avantage, j’évoquais un choix de société inspiré du film « Le soleil vert »….

Il faut ouvrir les yeux, définir les priorités de façon globale pour une société équitable, mais aussi laisser la place pour une décision en conscience au cas par cas. Le débat hydratation/nutrition artificielle fait l’objet de nombreuses controverses ; sans doute ne sera-t-il jamais clos. Cependant le bien-fondé de ce « traitement », incluant ses limites dans le temps, doit faire l’objet d’une concertation dès sa mise en route. Dans quelles conditions a-t-il été instauré ?

La situation de Vincent Lambert est un cas épouvantable, mais aussi une leçon pour un « plus jamais çà ». L’intégrisme sous toutes ses formes, l’absolu des positions, le diktat des groupes, ne peuvent qu’attiser la souffrance des membres de cette famille déchirée, qui, probablement aura du mal à se reconstruire après le décès de Vincent. Est-ce que toute cette polémique et cette médiatisation à outrance auront fait avancer le débat sur la fin de vie ? Pour ma part, je ne le pense pas. Même en cas de directives anticipées et de désignation de personne de confiance, indispensables, il demeurera toujours des décisions difficiles à prendre et des gestes insoutenables à réaliser (cf le commentaire d’Yves Gaubert). Mais n’est-ce pas la dignité d’une société que d’assumer courageusement ses choix ?