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Yann Richard, le 23/05/2013

Chers amis,
Je souscris entièrement à votre éditorial.
J'ajouterais pour ma part deux points : d'abord l'Eglise devrait balayer devant sa porte, réévaluer le couple humain en ordonnant des hommes mariés, en ordonnant des femmes mariées au moins diacres et en adoptant une attitude moins absolutiste concernant l'idéal trop peu réaliste du mariage indissoluble. L'idéal est la fidélité dans le couple, mais quand le couple est rompu, on ne peut imposer aux blessés de la vie de ronger leur douleur dans la solitude s'ils n'en ont pas la vocation.
Deuxième chose, le droit à l'enfant. Je suis prêt à aller dans la rue pour proclamer le droit des enfants contre le droit à l'enfant. C'est là qu'est le véritable enjeu. Cela concerne autant les couples hétéro que les couples homosexuels. Qu'on cesse de jouer avec la parentalité: c'est un don de Dieu.
Amitiés, Yann

Elisabeth, le 23/05/2013

Que faîtes vous du droit DE l'enfant d'avoir un père et une mère ?

Frédéric Bon, le 23/05/2013

Je souhaite vous indiquer que je ne partage pas du tout le point de vue développé dans votre texte.

En premier lieu, alors que le pape François nous invite à Parler, à ne pas être des chrétiens de salon, je trouve votre invitation à se taire tout à fait paradoxale.

Concernant le contenu de votre propos. Je le trouve très relativiste, malhonnête et manquant de clairvoyance sur les enjeux associés à cette loi.

- Relativiste. Je pense que les pasteurs sont dans leur rôle lorsqu’ils invitent les catholiques à réfléchir et à se manifester (en manifestant mais aussi par la prière) contre cette loi. Ils relayent en effet les propos de l’Eglise fondés sur la Bible, illustrés par la vie du Christ dans la Sainte Famille et éclairés par l’Esprit Saint. La position de notre pasteur le pape sur ce sujet est sans équivoque. Tout ne se vaut pas et c’est notre rôle et celui de nos pasteurs de le dire et de le faire comprendre. Que chacun chemine à son rythme vers ce but est la plus élémentaire des libertés mais selon moi il n’y a qu’une Vérité sur ce thème. Elle est anthropologique avant d’être religieuse. Et sur la dimension religieuse elle est universelle avant d’être catholique (cf. les « débats de l’Assemblé Nationale avec les représentants de religions»)

- Malhonnête. « Mais ne menace aucun de ses membres » - je suis surpris de vous voir oubliés les victimes collatérales de ce projet de loi que sont les enfants. Ne sont-ils pas les membres de notre Eglise Universelle ? N’avons-nous pas le devoir de leur permettre de vivre le projet de Dieu pour l’homme ?

- Manquant de clairvoyance.
o De grâce, n’inversons pas les rôles, cela est trop facile et déjà largement pratiqué par les médias. L’Eglise n’a pas demandé cette loi qui divise. C’est le gouvernement qui gonflé de la confiance obtenue par les urnes a inscrit cette réforme en sous-estimant – volontairement ou non - son caractère clivant. Les sondages le montre les français sont au mieux partagés / au pire contre l’adoption. Pourquoi s’être obstiné dans cette voie? Parce que c’est la seule réforme que le gouvernement va réussir à mener à son terme. Il est plus clairvoyant sur d’autres sujets clivant. Enfin, ne perdons pas de vue les autres réformes sociétales en cours sur l’euthanasie, la recherche sur l’embryon, l’application de la théorie du genre dès la maternelle,…
o « Violence contre l’ordre social » . La première des violence faite à l’ordre social a été de vouloir le bousculer si radicalement et l’ensemble des manifestations a été d’un remarquable pacifisme en regard de celle-ci.

Je vous invite à méditer sur la dernière phrase de l’introduction de votre site Internet « Aujourd'hui, apparemment, la hiérarchie n'écoute plus : elle donne des consignes. Mais la conviction demeure : on ne peut étouffer l'Esprit ». Je suis parfaitement d’accord avec vous sur la dernière phrase : on ne peut étouffer l’Esprit et permettez-moi de penser qu’il souffle abondement sur le peuple qui se lève – démocratiquement – pour dire NON. Enfin, ne croyons-nous pas aussi qu’il souffle sur la hiérarchie pour éclairer les consignes données.

Bien à vous
Frédéric BON
PS – je trouve surprenante l’utilisation des termes hiérarchie et consignes

Danielle, le 23/05/2013

Dans ma paroisse de la région parisienne, on a même fait la quête pour aider les manifestants à venir à Paris !!!
On n'a pas encore tout vu ! Hélas !
Merci pour cette lettre.

Annie, le 23/05/2013

Merci +++++ !

Figaro, le 23/05/2013

Bravo pour cet article grâce auquel je respire !

Je me suis moi-même battue dans ma paroisse pour que l'assemblée dominicale n'aie plus à subir en annonce de fin de messe les divers appels à manifester ou à signer des pétitions sur le parvis de l'église, et que les paroissiens ne trouvent plus dans le bulletin de l'Eglise locale ces mêmes invitations.

Merci donc pour votre réflexion sur ce sujet. Oui, cette union civile des couples homosexuels ne nous enlève rien, et elle leur apportera certainement de la stabilité. Je suis pour ma part très gênée par une homophobie qui sourd et se propage insidieusement dans la société. Pour ce qui est des enfants, ils naissent et naîtrons toujours d'un homme et d'une femme. Je pense que les enfants peuvent entendre d'où ils viennent et comment est née leur famille. Il me semble que c'est là que peuvent s'enrichir les notions de filiation et de parentalité (sans les opposer à tout prix).

Tellou, le 24/05/2013

Merci beaucoup pour cette mise au point. Autant je souscris totalement au fait que les chrétiens ont à faire entendre leur voix dans la société, autant je crois qu'il demeure encore de la liberté de chacun de décider, en son coeur, ce qui peut être bon, ou pas. C'est ce que l'on appelle aussi l'intelligence de la foi. Nous ne sommes pas des moutons de Panurge et Dieu nous a laissés libres de décider en conscience. Alors oui pour que l'Eglise apporte son point de vue. Oui pour qu'elle mette en avant la dignité de l'Homme, mais non aux clercs dans nos chambres ou dans nos urnes !

Boutros, le 24/05/2013

Tout à fait d'accord avec cette déclaration.

Maurice, le 24/05/2013

Je crois comprendre que vous n'appréciez pas que le clercs désapprouve la loi en question et le disent. C'est dans ce sens que je réponds. Si je me trompe je vous prie de m'excuser. Du moins saurez-vous ce que je pense.

J’ai trop de travail en ce moment et n’ai donc pas le temps de rechercher le message en question. J’ai des nouvelles de « Dieu maintenant » sans doute par un ami sans savoir lequel. J’accepte toute information et tout échange aussi chrétiennement que me le demande mon titre de chrétien.

Au sujet de cette manifestation du 26, je dis bien fort que j’irais si mes 92 ans ne m’interdisaient pas des marches fatigantes. Je dis donc : « tous, qui que vous soyez, clercs ou laïcs, hommes ou femmes, chrétiens ou incroyants, pratiquants ou non, réagissez ; ce qu’il vous faut c’est un minimum de cœur dans la poitrine ; une toute petite dose d’amour pour les enfants qui ne peuvent pas manifester, eux, puisqu’ils ne sont pas encore de ce monde mais qui auront, ou bien deux pères et un utérus d’emprunt ou deux mères plus quelques spermatozoïdes anonymes ».

Je me suis occupé d’enfants et je les ai aimés (je les aime toujours) pendant plus de 72 ans et je ne sais que trop combien souffrent ceux qui, pour quelque raison que ce soit sont privés de père ou de mère.

Il y a assez d’orphelins, inutile d’en fabriquer.

Quant aux bénéficiaires de la loi en question, quand je rencontre un ami ou une amie, je ne lui demande pas s’il est « homo » et quand il ferme sa porte, je ne regarde pas par le trou de la serrure.

Ce ne sont pas les « homo » dont il est question mais les enfants.
Il y a une formule qui a fait recette : « touche pas à mon pote ».
J’en propose une autre : « Touche pas à l’enfant ! ».

Bien vôtre.

Christine T., le 25/05/2013

Merci. Comme il est réconfortant de constater, à travers votre parole libre, qu'il est possible d'être chrétien et de ne pas suivre les injonctions pour le moins surprenantes qu'on peut subir dans nombre de paroisses, contre la loi, maintenant adoptée sur le mariage dit pour tous. Je suis très choquée du mélange des genres spirituels-religieux-politique. Le climat de violence que nous vivons me fait peur et me semble loin des valeurs évangéliques.

Annie, le 25/05/2013

Merci pour ce beau texte, clair et plein d'humanité. Comment rester calme devant la manif que nous allons à nouveau contempler devant nos fenêtres demain ?

Christine F. cite Monseigneur Dagens, le 25/05/2013

J'ai entendu sur France-Inter, une déclaration de Claude Dagens, évêque d'Angoulême. Il appelle les catholiques à ne pas aller manifester demain. Je suis moi-même - contrairement à lui - favorable à la loi Taubira et je ne comprends pas bien ce qu'il veut dire quand il oppose un christianisme politique à un christianisme social (à la fin de son intervention). Mais au moins il y aura eu un évêque qui appelle à ne pas aller manifester. Je vous transcris mot pour mot ses propos ; chacun peut les trouver sur le site de France-Inter (journal de 7h30, après les titres) :

« Je ne suis pas favorable à la loi Taubira mais une manifestation de ce genre ne me semble pas utile pour manifester la spécificité chrétienne. C’est certainement l’expression d’un état de crise, de mécontentement, mais qui s’exprime sur un terrain qui est en fait un prétexte et un prétexte qui est utilisé, manipulé par un certain nombre de gens qui n’ont d’autres buts que de se manifester d’une manière dure et violente. Donc je regrette que des catholiques se laissent tenter par ces dérives qui risquent toujours, non seulement d’être violentes sur le moment même, mais qu’ensuite il nous faudra travailler pour essayer de rétablir les liens de fraternité chrétienne. Je vois très bien que le combat que nous aurons à mener, c’est le combat pour recoller les morceaux c’est-à-dire qu’il n’y ait pas d’un côté un catholicisme politique qui manifeste dans la rue et de l’autre un catholicisme social qui serait une thérapeutique pour temps de crise. »

Jean-Pierre, le 25/05/2013

Je rajouterai "rendez à Dieu, ce qui est à Dieu et à la République ce qui est à la République". À lire certains propos, je me demande ce que "la chrétienté" a fait du message évangélique au cours de ces 20 siècles.
Dieu ne s'est pas incarné pour "sauver les chrétiens", mais pour laisser un message d'amour et d'espérance à tous les êtres humains.
La hiérarchie catholique et la CEF prennent une position "dure" sur ce qui touche à la sexualité, mais se taisent ou tout au moins ne montrent pas la même intransigeance sur la lutte contre la pauvreté et l'exclusion.
Mélanger deux questions : celle de l'homosexualité et celle de la procréation me semble une "escroquerie".
Est-ce condamnable si l'on se marie à un âge non fécond ? Ne peut-on avoir dans l'union du mariage un autre projet que celui de procréer ?
Dans le cas de l'homosexualité la position des "clercs" s'appuie sur quelle "parole divine" pour porter un jugement ?
On croit entendre les pharisiens du temps du Christ.
Par son incarnation et sa résurrection, le Christ a voulu laisser à tous les hommes un message d'amour et d'espérance pour un royaume à construire déjà sur terre, une invitation à partager l'oeuvre créatrice et l'esprit qui a inspiré cette création de l'être humain à Son Image.

Jacques Musset, le 25/05/2013

Je partage tout à fait votre déclaration : Messieurs les clercs taisez-vous.

Jacques Musset
auteur de "Etre chrétien dans la modernité;
réinterpréter l'héritage pour qu'il soit crédible".

Marie-Camille, le 25/05/2013

Que font du "plan de Dieu" ces personnes qui veulent interdire à des gens qui s'aiment de s'unir et d'élever des enfants ? Tout amour vient de Dieu me disait un de mes oncles, prêtre et théologien !

Bernard et Françoise, le 25/05/2013

Merci pour ces messages qui nous confortent dans notre attitude marginale face à la manif !

Sr Michèle Jeunet, rc, le 26/05/2013

Bravo pour votre article: "Messieurs les clercs..."
j'ai mis votre article sur ma page facebook
je me suis inscrite à votre newsletter
et je vais mettre votre site en lien sur mon blog :
http://aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com

Robert Saadi, le 27/05/2013

Bravo pour le pirate de vos propos, cela fait du bien de savoir que l'on n'est pas seul. Je trouve très déplaisant ces "clercs"qui pensent que puisqu'ils pensent ainsi tous ne peuvent penser que comme eux, en somme une sorte de terrorisme ... Intellectuel.!!!!
Amitiés

Bernard Boissezon, prêtre, le 31/05/2013

Je fais partie des clerc qui ne se taisent pas, qui essaient d'apporter des éléments de réflexion et d'entendre aussi les arguments avancés de divers côtés. Je n'ai pas appelé à la manif mais j'ai proposé deux homélies, l'une sur "homosexualité et mariage", l'autre sur "Aimer les enfants". Nous avons aussi organisé une soirée débat sur ce thème. Si l'on pense que ces questions concernent seulement des opinions et ne modifient pas en profondeur la façon dont les êtres humaines se construisent, construisent leur familles et leurs sociétés... alors on peut dire : "Les catholiques vivent comment ils l'entendent et les autres aussi". Il n'y a, en effet, aucune légitimité à chercher à imposer l'opinion catholique. Par contre si l'on pense, que l'on soit chrétien ou non, que la loi proposée remet en question des valeurs ou des principes qui fondent l'identité humaine et le vivre ensemble... alors on a le droit et même le devoir de manifester son opposition. Je regrette que le débat serein soit extrêmement difficile à conduire sur ces questions qui sont complexes et méritent mieux que des slogans. J'ai bien aimé ce que j'ai trouvé à cette page : http://www.poissonsroses.org/ethique_familiale_sociale.html

Sosthènes B., le 17/9/2016

Bonjour, J'ai récemment découvert votre site, que je trouve particulièrement intéressant. Surtout l'article "Messieurs les clercs, taisez-vous !", que j'ai lu avec attention.

En ce qui me concerne, je serais franc: j'ai plusieurs fois manifesté aux cotés de la Manif pour Tous. Je partage leurs convictions sur le "mariage pour tous" encore aujourd'hui. A contrario, je me suis hélas trouvé en désaccord avec les opinions développées dans cet article, et ce sur plusieurs points.

Vous dites qu'un prêtre ne devrait pas encourager ses ouailles à aller manifester contre le mariage pour tous, parce que chacun serait libre de penser ce qu'il veut dans le peuple chrétien. Je ne conteste pas, bien sur, la liberté de penser des chrétiens. S'il y en a qui sont pour le mariage pour tous et qui manifestent aux cotés des mouvements LGBT, c'est leur liberté qui s'exerce, et l’Église ne leur interdit pas d'agir ainsi. Cependant, respecter la liberté des fidèles est une chose; interdire à l’Église d'annoncer la vérité, au nom de la pluralité d'opinion chez les fidèles, en est une autre. Si l’Église se taisait sur ce sujet si important, en disant simplement: "faites ce que vous voulez, nous restons neutre", elle ferait preuve de lâcheté en refusant d'annoncer son message reçu du Christ.

Quand vous dites qu"Aucune autorité ecclésiastique n’a de raison, en France, de s’insurger contre une loi qui concerne l’ensemble de ses compatriotes mais ne menace aucun de ses membres", vous vous situez dans une sorte de relativisme que l’Église n'a jamais accepté durant sa longue Histoire. Là encore, qui parle d'interdire aux personnes homosexuelles de vivre en couple ? Qui oblige qui que ce soit à aller manifester contre le mariage pour tous ? Personne. L’Église agit, donne son avis, mais laisse chacun libre. Comme chrétiens, nous sommes invités par nos pasteurs, conformément au message de l’Église à ce sujet, à aller manifester contre le mariage pour tous. Pour autant, à ma connaissance, personne n'a été menacé de mort au sein de sa paroisse parce qu'il était allé manifester pour le mariage pour tous.

Enfin, je vous rappelle qu'il est juste de lutter contre une loi, serait-elle démocratique, si cette loi est injuste. Ce qui est le cas de la "loi Taubira", en tout cas à mes yeux. La légalité ne détermine pas ce qui est bien, ce n'est pas parce qu'une chose est légale qu'elle est morale. Dire le contraire reviendrait à approuver l'Apartheid en Afrique du Sud, simplement parce qu'il était légal. Dire que l'Église, par respect pour le vivre-ensemble, ne doit pas contester une loi revient à en faire un instrument entre les mains de L’État, qui ne s'exprimerait que lorsque ce dernier le voudrait bien.

En guise de conclusion, je vous félicite pour la liberté de ton de votre site, toujours appréciable, même si je ne suis pas d'accord avec tout ce qui y est dit. Et je vous assure de ma prière pour vous.

Christine Fontaine, le 18/9/2016

Bonjour,
Merci d'avoir explicité clairement votre position. Je me permet de me situer par rapport à elle personnellement ; mais je pense que tous les membre de l'équipe qui anime ce site auraient un point de vue au moins proche du mien.
Je distingue les lois de l’Église et celles de la société. Je pense qu'une loi peut-être bonne pour des catholiques mais pas nécessairement pour les autres. Dans le cas du mariage pour tous - comme dans les autres sujets concernant la famille (divorce, limitation des naissances, etc.) - moi catholique je me soumets aux lois de l’Église. Même si sur certains points je pense qu'elles pourraient évoluer, reste que je ne suis ni le pape, ni évêque et que ce n'est pas à moi de faire ou d'ajuster ces lois... Je peux discuter sur tel ou tel point mais je n'ai aucune autorité pour en changer quoi que ce soit.

Dans le cas du mariage pour tous, l’Église refuse de marier des homosexuels. Je pourrais le discuter mais j'aurais tort, en tant que catholique, de ne pas me soumettre au bout du compte à ce qu'elle prescrit. Cependant, au moment du débat sur le mariage pour tous, il s'agissait d'une loi civile. Or je crois - comme je vous le disais - qu'une loi peut-être bonne pour une société particulière (en l’occurrence l’Église) mais qu'il faut au moins réfléchir pour voir si elle peut s'étendre à la société civile tout entière (en l’occurrence la France). Prenons une comparaison (qui sera nécessairement mal ajustée comme toute comparaison...) Si je suis bouddhiste, je crois (je dis bien je crois... ce n'est pas une simple opinion) qu'il faut être végétarien et ne tuer aucun animal. Tous les bouddhistes du monde croient cela. Mais le bouddhisme est une particularité parmi d'autres. Comme l'appartenance à l’Église est une particularité parmi d'autres. Si l’État impose aux bouddhistes de manger de la viande, il a tort. Mais si les bouddhistes veulent imposer à tous d'être végétariens, ils ont tort. Une loi qui est bonne pour eux ne l'est pas nécessairement pour d'autres qu'eux.

A notre avis, au moment du mariage pour tous, il aurait fallu que les catholiques puissent discuter entre eux - non pas de la loi interne dans leur Église - mais du bien-fondé de chercher à l'imposer à tous (d'en faire une loi civile). C'est parce que la hiérarchie et la grande majorité des catholiques considéraient comme une évidence que ce n'était pas discutable que nous avons réagi. En Algérie (pays musulman) au moment du Ramadan tous les restaurants sont fermés à l'heure du jeûne. En France, les musulmans ont le droit de jeûner mais tous les restaurants restent ouverts. La laïcité permet à une pluralité d'appartenances de coexister. Dans le cadre d'un État laïque quelle loi est-il préférable de promulguer ? Voilà la question que nous aurions souhaité que la hiérarchie demande aux catholiques de se poser.

Je prends un autre exemple. L’Église catholique croit que le mariage est indissoluble (donc interdit le remariage de divorcés). Je ne le discute pas (personnellement je suis même d'accord). Mais pour autant je ne pense pas que la société civile doive interdire le divorce. Je suis même tout à fait pour qu'elle l'autorise.

Vous écrivez : "Si l’Église se taisait sur ce sujet si important, en disant simplement: "faites ce que vous voulez, nous restons neutre", elle ferait preuve de lâcheté en refusant d'annoncer son message reçu du Christ." Il ne s'agit pas que l'Eglise dise "faites ce que vous voulez" mais qu'elle aide les croyants à décider en conscience de ce qui est bon pour un ensemble plus vaste que le leur. Pour vous il semble évident que la seule position possible soit le refus de la loi du mariage pour tous. Pour moi, non. Peut-être me répondrez-vous que votre position est fondée sur la "loi naturelle". Mais cette "loi naturelle" est très discutable aux yeux des anthropologues et d'une très grande majorité de citoyens. Elle ne s'impose pas à eux. Elle ne fonctionne pas pour eux (ni pour bon nombre de catholiques d'ailleurs).

Suis-je davantage infidèle au message de Jésus-Christ que vous ? Vous semblez le penser. Peut-être avez-vous raison... Je ne cherche d'ailleurs pas à avoir raison contre vous mais à vous expliquer dans quel esprit nous avons écrit cet article.

Merci en tout cas pour votre prière.

Julien, le 2/11/2016

Bonsoir,
Le temps s'est écoulé depuis les premières manifestations dites "pour tous" et le débat plus que vif à l'Assemblée nationale sur la Loi Taubira. Et ce temps écoulé nous permet un certain recul.
Si j'ai un avis nuancé sur cette loi et la manière dont le gouvernement l'a conduite, mais que je n'exprimerai pas ici, il faut reconnaître le droit à tout un chacun de manifester son désaccord. C'est le principe démocratique.

Force est de constater toutefois que la "Manif pour Tous" a été instrumentalisée par une minorité agissante et organisée qui est porteuse d'idées bien peu démocratiques, en un mot l'extrême-droite. Autrement dit, ce mouvement s'est politisé rapidement pour dépasser le cadre d'une expression d'inquiétude des chrétiens, dont je ne remet pas en question la légitimité d'expression.
Je pense que les idées d'extrême-droite sont incompatibles avec l'Evangile et je suis réellement inquiet de voir le nombre croissants de chrétiens, et en particulier de catholiques, y souscrire peu à peu et y apporter leur vote.

J'ajouterai une précision au commentaire de Sosthènes B. à propos de sa remarque sur la différence entre légalité et moralité. Il est très juste de rappeler que le Droit n'est pas la Justice. Les pires tyrannies ont leur droit comme celui qui a mis en place l'Appartheid, que vous citez, ou les lois anti-juives de Vichy par exemple. Simplement, pour éviter de sombrer dans le point Godwin, il faut tout de même rappeler que nos sociétés dites démocratiques s'efforcent de tendre vers un droit positif qui soit porteur des valeurs de la démocratie et des Droits de l'Homme. Même si le droit restera toujours l'expression d'un rapport de force, votre désaccord avec cette loi - désaccord que je respecte - ne devrait toutefois pas vous permettre de comparer la loi Taubira à l'équivalent des lois de Nuremberg.

Bien cordialement.