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Nathalie, le 5/8/2017

Bonjour Nicodème,

Encore une fois j'ai savouré la lecture de cet article ...qui dit, en bien mieux que moi, ce qui me vient à l’esprit lorsque je pense à ces questions de " morale " dite " chrétienne !

Tu fais référence à Amoris laetitia, hélas, j'ai bien peur qu'il passe doucement à la trappe...en particulier sur les sujets que tu évoques
Nous qui sommes dans l'accompagnement des couples "divorcés-remariés", nous voyons un certain nombre de lieux où ils sont accueillis, mais où la seule proposition de " communion" , outre la communion qu'on leur concède à la parole et à la prière eucharistique, reste la " communion spirituelle" ( dont ll n'est pas fait mention dans Amoris laetitia !)...
aucune proposition de " cheminement de discernement" qui passerait par les sacrements...alors qu'il existe des propositions concrètes de "processus" d'intégration... comme les cheminements Bartimé
https://synodequotidien.wordpress.com/projet-de-cheminement-pour-discernement-ecclesiale/parcours-bartimee/
......et qu'avec un peu "d'audace" on peut en découvrir d'autres si on se donne la peine d'écouter les personnes !!!

mais nous sommes en vigilance sur ces questions et mettons notre espoir en François ( et l'Esprit Saint à ne pas négliger dans ces temps difficiles !)

Merci de ces réflexions que je vais annoncer sur mon blog...ainsi que l'ensemble des autres articles ;

Bel été, bonnes lectures, belles rencontres
bien fraternellement

Julien, le 23/8/2017

Merci, Michel, pour ce très beau et très émouvant texte.

Un adage antique affirme ceci : "Summum jus, summa injuria". Voltaire le traduisit par : "L'extrême justice est une extrême injure". Ainsi, la loi poussée à son application la plus maximale devient la pire des injustices. Vis-à-vis de cette dichotomie terrible, Jésus nous a sauvé de l'écueil du tout ou rien. Plutôt que d'abolir la loi, ce qui présente un risque tout aussi grave, il en propose l'accomplissement, c'est-à-dire son dépassement dans et par l'Amour.

Dans le rapport au corps et à la sexualité, il me vient à l'esprit des exemples très concrets de ces deux écueils extrêmes que sont l'abolition totale ou le légalisme mortifère. L'abolition de la loi, ce furent les errements de la période post-68 sur la sexualité supposée indifférenciée des adultes et des enfants. Nous pouvons imaginer les dégâts psychiques sur les enfants abusés. Pendant de longues années suivantes, le crime qu'est la pédophilie fut considéré avec une certaine complaisance, en particulier dans des milieux dits "libérés", "artistes" ou de l'élite intello. Il fallut une tragédie comme l'affaire Dutroux pour qu'on en finisse enfin avec cette complaisance malsaine.

L'autre extrême de la loi, c'est la haine du corps, du désir et de la sexualité allant jusqu'au sadisme. L'église irlandaise s'y est particulièrement illustrée dans le fanatisme sordide et disons-le : dans le crime. Plusieurs films l'ont brillamment illustré comme Magdalene Sisters ou Philomena. Par ailleurs, combien de fois se révèle-t-il que les tenants les plus durs d'un moralisme strict des mœurs cachent souvent les pires hypocrites. Les scandales d'abus sexuels à répétition dans l'église catholique sont éprouvants pour un chrétien. Je pense en particulier au chœur d'enfants de Ratisbonne pour l'un des plus récents.

Le corps est un mystère : désirs, émotions, attraction / répulsion, sexualité... Corps de mystère et Corps du Mystère, celui de l'Incarnation. Chrétiens, prenez-vous vraiment au sérieux l'Incarnation ? Jésus nous a dit de ne pas avoir peur en venant à lui. En bâtissant sur le roc qu'il offre à notre liberté, nous devrions au contraire ne pas avoir peur du corps, et affronter ses mystères, y compris ceux qui nous sont les plus inconfortables.

Chrétiens ! Fuir ces sujets ou y répondre par un moralisme dogmatique dénué de tout Amour n'est pas la bonne solution, et vous continuerez de passer pour des "chrétiens (cathos) coincés et hypocrites" dans cette société sécularisée qui a pourtant une immense faim (inavouée) de spiritualité.

Marie-Reine, le 1/9/2017

Ô combien j'aime et souscris à ce que vous écrivez ! Ce n'est pas l'application de la loi, quelle qu'elle soit qui nous sauve, en effet ! Et c'est bien à un "au-delà" de la loi que le Christ nous appelle ! À un autre ordre, à une autre logique ! Une logique de don et d'amour.

Mais je ne peux pas ne pas insister, une fois de plus, sur la manipulation perverse de notre temps qui affirme qu'aucune loi n'a lieu d'être sinon celle de mon bon plaisir et de ma jouissance, que tout ce que je "veux" doit m'être donné et que tout ce qui me cause de la souffrance doit être réparé, si c'est réalisable par la technique médicale. Peu importe à quel prix.

Les enfants sont les premières victimes de la jouissance à tous prix d'adultes désespérés qui ne voient plus en eux des sujets, mais des objets qui comblent, pour un temps, leur prétendu "désir". Les adultes sont victimes de ne pas parvenir au degré de jouissance auquel ils ont le devoir de parvenir ! La loi d'obligation féroce de la jouissance remplace l'interdit.

La loi devrait rester une balise : si tu veux vivre, ne tue pas, ne vole pas, ne mens pas, ne sois pas incestueux. Et en ce sens, elle ne doit pas être abolie et remplacée par une nouvelle loi non écrite qui affirme : il est interdit de souffrir, de souffrir d'être manquant, il est "obligatoire" de combler tout manque.

Nous avons le devoir de dénoncer, comme vous le faites, l'hypocrisie pharisienne : c'est à dire cette manière que nous avons de nous faire une âme de juste en condamnant l'autre.

Mais aujourd'hui nous avons aussi un devoir de clairvoyance, la responsabilité de repérer comment la perversion renverse toute chose bonne, tout élan vivant, pour le retourner en son contraire. Et nous avons la responsabilité de ne pas laisser ces questions aux seuls courants intégristes qui divisent les hommes entre bons et mauvais !

PS : Et nous vivons en un temps où la dimension du corps, en ce qu'il nous limite, est abolie. L'idéal (sans corps) est pris pour la vérité. Ou le fantasme !

Ah si nous n'avions pas ce fichu corps qui fait que nous souffrons, que je suis femme et non pas homme et femme, totalité ! Plions ce corps, à coups de manipulations et de techniques savantes, à notre volonté !

Après la découverte du symbolique et de la primauté de la parole - car nous sommes corps parlant et non corps de "viande" seulement, objet de la science - il va falloir redécouvrir que, décidément non, nous ne pouvons pas nous débarrasser de notre corps. Articuler, relier corps et parole et non les dissocier, cela reste vraiment un défi pour tout humain tant nous basculons de l'éviction de l'une de ces deux dimensions à l'éviction de l'autre. Pornographie ou angélisme !

Julien, le 5/9/2017

Bonjour Marie-Reine,

Je suis bien d'accord avec vous quand vous écrivez :
"Mais je ne peux pas ne pas insister, une fois de plus, sur la manipulation perverse de notre temps qui affirme qu'aucune loi n'a lieu d'être sinon celle de mon bon plaisir et de ma jouissance (...)".
C'est pourquoi je prenais comme premier point dans mon commentaire le danger de l'abolition de la loi. Il n'est pas question de l'abolir mais de la dépasser.

Le célèbre "jouir sans entraves" abolissant la Loi a mené à des déviances graves allant jusqu'au mépris de la personne humaine, et notamment des plus fragiles. Je prenais ainsi le cas de la complaisance à l'égard de la pédophilie qui a perduré longtemps dans certains milieux qui y voyaient une sorte de transgression des carcans de la morale par une attitude artiste et libérée.

Si vous voulez des exemples concrets, vous retrouverez sur le site de l'INA deux émissions d'Apostrophes de Bernard Pivot avec les interventions de Daniel Cohn-Bendit en 1982 et de Gabriel Matzneff en 1990. Le premier choque le bourgeois, en provocateur de métier qu'il est, le second est un pédophile assumé par le livre qu'il vient présenter. Les réactions du plateau sont aussi révoltantes dans les deux cas : on se gausse, on rigole, on commente tout en sourires avec un détachement de salon littéraire. Seule la journaliste québécoise Denise Bombardier attaquera frontalement Matzneff : elle se fera étriller par la presse parisienne le lendemain. J'ajoute aussi une affaire moins connue en France d'un artiste viennois des années 60, Otto Muehl, devenu gourou d'une communauté en Autriche et qui fut finalement dénoncé par des parents dont il abusait des filles adolescentes vers le début des années 90. La critique d'art Catherine Millet, auteur de La Vie sexuelle de Catherine M., a pris à l'époque fait et cause pour cet homme dans les colonnes de sa revue Art Press.

Voilà ce à quoi conduit l'abolition de la loi. Quant à cette seule loi que serait "mon bon plaisir", vous avez trouvé le terme juste : manipulation. Où est la réelle liberté là-dedans ?