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Christine (sur l'évangélisation)

Certes, lorsque j'agis avec d'autres (athées, musulmans,...) c'est bien l'Evangile qui m'anime. Mais je crois que l'Evangile m'invite à respecter le fait que d'autres aient des motivations différentes des miennes. Nous nous rejoignons dans un même mouvement "d'humanisation", les uns étant portés par l'Evangile, d'autres non. Si des non chrétiens s'interrogent sur ma motivation, pourquoi pas mais je ne le cherche pas; et moi aussi je suis interrogée par le désir d'humaniser la société porté par des musulmans ou des athées, etc. J'aime la phrase de Péguy qui circule sur la première page du site : "Je ne veux pas que l'autre soit le même..."

Marianne (sur l'évangélisation)

En réfléchissant à nos échange de l’autre jour, et à la belle histoire de Madeleine qui racontait comment sa petite fille non croyante faisait "acte" d'évangélisation de ses grands-parents, je me disais que finalement il est question d'être en cohérence entre sa foi et ses actes, d'agir ses croyances au travers de nos activités et de nos paroles, l'incarnation de l'Esprit en nous, aussi modestement que cela puisse être en moi... Qu'importe qu'on se dise "croyant" ou "non croyant".

D'ailleurs, c'est bien ce qui provoque mon rejet de l'institution "Eglise" ou même de certains croyants qui en font partie, lorsque les paroles et les actes me semblent contredire l'esprit de Jésus Christ. C'est bien ce qui me procure un immense sentiment de honte d'appartenir à l'Eglise chrétienne lorsque je vois comment elle se comporte dans une histoire de pédophilie.

Le point qui est difficile pour moi dans la rencontre avec l'autre, quel qu'il soit, voisin, collègue, patient, famille, musulman, athée... n'importe, c'est lorsque ce qu'il fait ou dit heurte ma foi parce que cela suscite une contra-diction, une in-cohérence, une violence en moi, à ce que je suis. Maintenant, plus l'autre, dans sa diversité, fait et dit des choses dans un autre langage que le mien en se référant à une autre religion ou sans religion, plus cela me réconforte et me réjouit d'autant plus ! Plus je rends grâce à Dieu de nos différences. En bref, "évangéliser" serait pour moi simplement être avec et parmi les autres un "acteur" le plus loyal possible de sa propre foi.

P.S. Le terme "humaniser" me choque car il renvoie chez moi au fait de rendre "humain" ce qui ne le serait pas. Je ne pense pas que vous l'employez dans ce sens, je pense que vous parlez du point où l'humain se rejoint au delà des diversités et différences.

Marie-Reine (sur l'évangélisation)

J'ai envie d'ajouter ma petite note à votre débat. Je reconnais que ce que je développe ne s'inscrit pas réellement dans ce qui était le fil du débat : « L'Église catholique et la démocratie » mais se limite seulement à la question de l'évangélisation, et sur cette question, uniquement à ce qui nous concerne nous, personnes quelconques, engagées dans la vie quotidienne au coude à coude avec nos frères humains, sans pouvoir politique, institutionnel, hiérarchique, ecclésial... humains engagés dans le vivre-avec autrui, dans le vivre-ensemble de la rencontre.

Pour moi, être chrétienne, c'est d'abord être clairement sans cesse enseignée par le Christ, par ses actes et par ses paroles – tels qu'ils me sont accessibles par les témoignages des évangiles – et chercher à le suivre, comme l'ont suivi ceux qui l'ont connu et tous ceux qui l'ont suivi jusqu'à aujourd'hui. Jésus, dans sa manière de vivre, de mourir et de se recevoir du Père, trace un chemin d'humanité que nous n'aurions pas trouvé par nos propres sagesses et raisonnement. Être chrétienne c'est, à la suite du Christ, remettre ma vie et celle des autres entre les mains de son Père. J'ai mis très longtemps à y consentir ! (Je n'ai certainement pas encore totalement, renoncé à croire en Moi-Même, à chercher à me faire vivre moi-même ! Je crois que mon chemin de conversion me prendra une vie entière !)

Il appartient à ceux qui se reconnaissent comme appartenant au Christ, de vivre tout d'abord en humains avec leurs frères et sœurs en humanité, de devenir progressivement humains, par et avec les autres, par le Christ aussi. La vérité de nos discours croyants s'éprouve au feu de la rencontre avec les autres : que vivons-nous d'une bonne nouvelle au quotidien de nos jours ? Participons nous à ce qui veille à remettre debout et en marche ? Nous laissons-nous relever par l'amour d'autrui ?

C'est le niveau zéro, basique, fondamental, de toute possibilité d'évangélisation. « Celui qui dit qu'il aime Dieu, qu'il ne voit pas, mais n'aime pas son frère qu'il voit, est un menteur. » Mais je crois que l'évangélisation suppose aussi de permettre à d'autres de connaître le Christ lui-même, d'avoir accès à lui. Et là, j'avoue que je me sens toute petite et très démunie. Il me semble que pour le faire, il faut d'une part, être autorisé par l'autre, et d'autre part qu'il faudrait aussi une audace humble. Là je cherche mes mots... Le triomphalisme religieux est exécrable mais nous sommes tentés par l'envers de la même médaille : le mutisme.

Je distinguerai :
- notre effort pour vivre selon l'évangile et bâtir avec tous ceux le désirent un monde le plus humain possible, en nous appuyant sur le dialogue et le respect des traditions, de la foi ou des « valeurs » de chacun, sans prosélytisme, sans chercher à ramener l'autre à soi-même,
- et l'annonce explicite de Jésus-Christ qui ne peut pas se faire de manière triomphante, impérieuse, mais qui relève d'un consentement au risque de parler.