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Alain Rohand, le 1/6/2018

Le mot « gnostique » est une étiquette commode pour désigner toutes formes d'interprétation de la Bible fondées sur le rejet partiel ou total de l'idéologie chrétienne, censée être la seule qui vaille. Tout groupe humain s'unifie et s’identifie par le rejet de celui qui ne pense pas comme lui. L’église chrétienne, en tout cas en Occident, rejette toute modernité et cherche à se refaire une santé et une identité « à l’ancienne ». Y arrivera-t-elle grâce à la marginalisation, voire l'exclusion, de tous ceux qui ne pensent pas comme elle ? On peut en douter.

La joie se cultive dans la diversité et l'altérité, et même dans la confrontation. L'uniformité génère la tristesse.

Vous évoquez plusieurs fois la « vie chrétienne ». Hormis sa doctrine et son idéologie, (qui a toujours été d’ailleurs l’objet de polémiques, tant en interne qu'en externe), cette vie chrétienne diffère-t-elle vraiment de la « la vie humaine ordinaire » ? Jésus s'adressait à tous les hommes de bonne volonté. Pas seulement à ceux qui confessaient une quelconque religion. Il semblerait qu'il avait même une légère préférence pour ceux qui n'étaient pas comme lui ! On n’enferme pas le fils de Dieu dans une religion qui par définition exclut ceux qui n'en sont pas. Par vos fonctions, et votre identité n'avez-vous pas vocation à vous adresser à chacun et chacune et non pas au seul clan chrétien ? Sinon, ceux n'appartenant pas à votre système sont exclus. C'est d'ailleurs fait depuis longtemps à mon égard… mais c'est un autre sujet…

Vous évoquez « la grâce », c'est-à-dire une aide surnaturelle accordée par Dieu pour son salut, afin qu'il échappe à la damnation éternelle, selon la définition officielle. J'avoue que ce n'est pas vraiment mon paradigme. Et puis n'est-ce pas une attitude égocentrique ? Pendant que l'on supplie Dieu de « nous accorder sa grâce »… on ne fait pas autre chose au service des autres… Lorsqu'enfant j'exprimais ma détresse au cœur de l'épreuve qui malmenait mon corps j’entendais des réponses du style : — Je vais prier Dieu pour toi, afin qu'il t'apporte son secours… Sans commentaire !

Je préfère m'en tenir à cette réalité plus simple à mes yeux : la gratitude. C'est-à-dire la reconnaissance pour la vie reçue sous toutes ses formes. La gratitude s'accompagne non seulement d'une reconnaissance, mais s'y ajoute une manifestation d'affection. « À cette affection si profondément exprimée que vous avez la bonté de me porter, j'ai répondu par une gratitude infinie », écrivait Balzac (correspondance —1843). Infinie en effet, car elle s'étend jusqu'au divin. La gratitude est un élan vital, et non pas (comme la grâce) une revendication permanente comme on la rencontre si souvent dans des textes chrétiens. Quémander la grâce de Dieu pour son profit personnel me semble quelque chose de très étriqué, même si cela peut avoir sa légitimité. Et la demander pour quelqu'un d'autre me semble une forme de démission de sa propre action que le chrétien qualifierait de « charitable ».

Se montrer reconnaissant est une dynamique d'engagement, une poussée intérieure vers autrui. La gratitude est une potentialité humaine qui pousse aux actes généreux. Ce n'est pas un attentisme de souhaiter « que ça vienne » ! C’est dans l'engagement généreux que l'homme peut trouver sa joie plénière. Que cela s’accompagne d’une dimension divine et transcendante ou d'un idéal peut-être une sorte de « booste » (pour employer un terme à la mode). Et cela l'est généralement.

Tout cela est bien au-delà de la réduction à une religion quelle qu'elle soit. Surtout lorsque l'on complexifie jusqu’à plus soif des concepts simples. Quel dommage d'être ainsi inaudible à raison d’un jargon théologico-idéologique et intellectuel auquel les jeunes contemporains, que sont, par exemple, mes petits-enfants adolescents, ne comprennent que quick… ! Oui, quel dommage, car vous avez en vous une richesse de qualité de présence et une humanité qui mériterait meilleure expression. Ne restez pas enfermée dans un savoir, fut-il brillant. La joie s'exprime toujours dans la simplicité.

Christine Fontaine, le 1/6/2018

Bonjour Alain,

Il se trouve que vous avez fait le choix de ne pas (ou de ne plus) appartenir à l’Église catholique. Je respecte profondément ce choix et je peux le comprendre. Nombre de mes amis ont fait le même que vous. Il se trouve que ce n’est pas mon choix. Oui je suis critique quand l’Église veut imposer sa vérité et sa morale à l’humanité entière. Je n’hésite pas à dire que l’institution n’a pas le droit d’exclure de l’eucharistie quiconque se reconnaît croyant. Mais en l’occurrence ce texte du pape qui s’adresse à des catholiques (il en a quand même le droit !) cherche précisément à lutter contre une Eglise qui exclut.

Vous écrivez « le mot ‘gnostique’ est une étiquette commode pour désigner toutes formes d'interprétation de la Bible fondées sur le rejet partiel ou total de l'idéologie chrétienne, censée être la seule qui vaille. » Or le texte du pape dit exactement le contraire. Je résume dans mon article sa position à propos du gnosticisme (c’est lui qui emploie ce terme) : « On voit dans quelle mesure ces avertissements concernent les catholiques de France. L’histoire récente a montré qu’un grand nombre d’entre eux prétendaient imposer une certaine morale pour s’opposer aux comportements nouveaux qui interrogent la conscience de nos concitoyens. Le chef de l’Eglise nous demande de cesser de penser que la sainteté ou la perfection que nous visons tiennent dans le respect de principes rigides qui nous distingueraient de ‘la masse ignorante’».

Vous refusez le mot grâce en disant : « 'la grâce', c'est-à-dire une aide surnaturelle accordée par Dieu pour son salut, afin qu'il échappe à la damnation éternelle, selon la définition officielle. » Mais le pape en parle pour exprimer l’amour totalement libre et gratuit de Dieu à l’égard de tout être humain (ce qui cette fois est profondément traditionnel !!!). Il me semble que vous projetez dans le texte du pape (et ce que j’en résume) les critiques que vous faites à l’Eglise et qui – si elles peuvent parfois être légitimes – portent à faux en ce qui concerne ce texte précis.

Vous écrivez encore, cette fois à mon sujet : « Quel dommage d'être ainsi inaudible à raison d’un jargon théologico-idéologique et intellectuel auquel les jeunes contemporains, que sont, par exemple, mes petits-enfants adolescents, ne comprennent que quick… ! » Il est vrai que – sur le site – des pages sont pour les jeunes de 16 à 22 ans. Mais celle-ci est écrite pour des adultes. J’ai tenté de résumer un texte très long du pape, en reprenant ses concepts. Ce texte s’adresse à des catholiques et, selon moi, manifeste une réelle ouverture.

Il ne vous aura pas échappé que depuis déjà longtemps je n’écris plus aucun commentaire sur votre propre blog bien que je lise ce que vous écrivez. J’y reconnais une foi profonde qui ne m’est pas étrangère. Donc j’aimerais pouvoir affirmer entre vous et moi une certaine fraternité et même une fraternité certaine. Mais, pardonnez-moi de vous le dire, je trouve que vous reproduisez (vous et beaucoup de vos amis qui commentent vos articles) le comportement que vous reprochez à l’Église : vous regardez de haut et sûrs de votre jugement ceux qui appartiennent (encore !!!) à l’Église catholique. J’aimerais vraiment que l’on sorte de cette logique d’exclusion. En tout cas je n’ai aucun goût pour être un bouc émissaire donc je me tais.

Pour finir vous me dites « Oui, quel dommage, car vous avez en vous une richesse de qualité de présence et une humanité qui mériterait meilleure expression Ne restez pas enfermée dans un savoir, fut-il brillant. » De mon côté, permettez-moi de terminer sans poser sur vous de jugement de valeur et sans vous donner des conseils. Il y aura au moins une catholique qui ne vous en aura pas donné… puissiez-vous consentir à croire que d’autres sont aussi peut-être comme moi…